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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/743

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Si les filles des champs rougissent à son nom,
Et, faisant leur travail au cri de la cigale,
Songent à mieux garder leur figure du hâle,
Pour disputer son cœur ; Orso prend le plus long,

« Orso prend le plus long de deux milles peut-être,
Pour voir flotter un pan de voile à ma fenêtre.
Mais c’est là que finit son audace d’amour !
Et moi, pour consoler sa tendresse muette,
A ses yeux tous les soirs j’accorde cette fête,
Et lui laisse emporter du bonheur pour un jour !

Ainsi parlait Stella, fille noble de Sienne.
Le pâtre, insouciant de la patricienne,
Avait une maîtresse au village voisin
Et ne l’eût pas troquée avec une marquise ;
Car elle avait l’œil noir et la taille bien prise,
Et jamais cœur plus doux n’habita plus beau sein.


EMILE AUGIER.