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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/757

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 février 1846.


La discussion de l’adresse, si éclatante à ses débuts, s’est terminée brusquement au milieu de la lassitude générale. Le ministère avait consacré tous ses efforts à couvrir MM. Duchâtel et Martin (du Nord), et à donner un sens politique aux ordonnances de M. de Salvandy. M. le ministère des affaires étrangères était à bout d’éloquence, et l’opposition elle-même, après avoir applaudi deux excellens discours de MM. de Rémusat et Billault, attendait avec impatience le moment de clore un débat désormais sans résultat possible, puisque la majorité paraissait avoir pris un parti irrévocable. L’opposition ne se faisait nulle illusion sur les motifs qui avaient amené la majorité à la pensée de soutenir le ministère dans toutes les questions où son existence se trouverait engagée. Elle savait fort bien qu’un grand nombre de membres du parti conservateur blâmaient l’intervention gratuitement exercée dans l’affaire du Texas, que plusieurs autres regardaient la convention sur le droit de visite, prix de notre conduite au Texas, comme contenant certaines dérogations à nos principes de droit maritime ; elle était très convaincue qu’il restait beaucoup de doute dans l’esprit des adhérens à la politique du cabinet et sur la parfaite moralité de l’administration à l’intérieur et sur sa complète indépendance au dehors, mais elle savait d’un autre côté qu’aucune fraction du parti conservateur ne consentirait à rompre avec le gouvernement à la veille d’élections générales où son concours est souvent nécessaire et sa neutralité toujours utile. Aussi l’opposition aurait-elle pressé le vote, loin de le retarder, si l’incident de Madagascar n’était venu changer un moment la physionomie du débat. Un discours de M. de Lasteyrie, qui a produit une vive impression sur la chambre, avait rendu évidens et les périls de l’expédition projetée et l’inutilité des sacrifices imposés au pays pour