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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/768

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REVUE DES DEUX MONDES.

fraudes de Macpherson, et tout le monde craint de dire son avis en songeant qu’il n’est plus permis de se tromper. Il n’est pas sans intérêt, dans cette circonstance, de savoir qu’en Allemagne un juge bien compétent, M. Jacob Grimm, vient de donner une publique et formelle adhésion à l’authenticité du Kalewala ; en même temps, M. Grimm s’est livré à des recherches approfondies sur les attributs symboliques des divinités finlandaises, et a signalé de nombreuses analogies entre les fictions du Kalewala et les autres poésies du Nord. Les grandes épopées de la Grèce et de l’Inde lui ont fourni matière aussi à d’ingénieuses comparaisons, soit que ces réminiscences témoignent d’une parenté qui se perdrait dans la nuit des temps, soit que les écrits même de la fantaisie soient soumis à des lois qui nous échappent, et qu’il faille voir seulement dans de tels rapprochemens quelques traits de cette ressemblance ineffaçable qui, à travers le temps et l’espace, lie entre elles les races et les générations.


— Il vient de paraître une nouvelle édition d’un livre qui avait trouvé un accueil favorable en France et à l’étranger, Dante et la philosophie catholique au treizième siècle, par M. Ozanam[1]. Une traduction allemande et quatre italiennes attestent l’intérêt de cet ouvrage. L’auteur a cherché à le compléter par de nombreux éclaircissemens. Il y a joint un discours sur la tradition littéraire en Italie jusqu’à Dante, et des recherches sur les sources poétiques de la Divine Comédie. Ces essais portent une nouvelle lumière dans l’histoire d’un homme et d’un siècle qu’on étudie beaucoup depuis quelque temps, et dont la Revue des Deux Mondes a popularisé l’étude par d’excellens travaux de M. Fauriel, de M. Ampère et de M. Labitte.


— Nos lecteurs n’ont pas oublié les études consacrées aux deux Pitt par M. L. de Viel-Castel. Ces études se complétaient, s’éclairaient mutuellement pour ainsi dire : réunies en volumes, elles forment aujourd’hui les deux parties d’un ouvrage destiné à reproduire une des plus curieuses périodes de l’histoire parlementaire de la Grande-Bretagne[2]. Grace à M. de Viel-Castel, nous possédons sur les deux Pitt un travail étendu et complet, qui unit à l’intérêt de la biographie les sévères leçons de l’histoire politique. Il y a là un important sujet d’études pour tous ceux qui tiennent à savoir ce que peut donner de force aux hommes supérieurs, dans un grand pays, la pratique sincère et courageuse des institutions parlementaires.



V. de Mars.
  1. Chez l’éditeur Lecoffre.
  2. Les Deux Pitt, 2 vol. in-8, chez Labitte.