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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/842

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sur nous cette sollicitude pour les intérêts des classes ouvrières, dont tant d’écrits sont les témoignages, ne peut qu’être avantageuse à la solution libérale des problèmes industriels. On ne s’est pas borné malheureusement, nous l’avons dit, à demander par quels moyens le gouvernement peut dès aujourd’hui répondre à cette attente de l’opinion, et quelles garanties nouvelles il peut introduire dans le régime du travail ; on lui a reproché d’avoir négligé les intérêts des travailleurs, on a nié même que l’ordre existant se prêtât aux changemens, aux améliorations indispensables. Avant d’examiner ce que le gouvernement peut faire, voyons donc ce qu’il a fait ; avant d’indiquer ce qui nous semble devoir compléter les institutions actuelles, assurons-nous que ces institutions ne repoussent pas d’avance toute idée de progrès, tout essai judicieux de réforme.


IV. — LE REGIME ACTUEL ET SES EFFETS.

Le gouvernement de 1830 pouvait-il demeurer indifférent aux besoins des classes ouvrières ? Lorsque tous les esprits, vivement émus par les évènemens de la veille, étaient si disposés à prendre feu et à s’agiter, n’aurait-il pas commis une faute politique énorme en laissant aux passions des partis de légitimes mécontentemens à exploiter ? Le travail industriel occupait trop de place dans le pays, il contribuait clé trop près à la prospérité publique, pour ne pas obtenir d’un gouvernement nouveau, fondé par un mouvement populaire, ce concours soutenu, cette sollicitude attentive que les gouvernemens anciens eux-mêmes ne refusent point sans danger à des forces vives et réelles. Aussi le pouvoir témoigna-t-il avec empressement qu’il avait à cœur l’amélioration du sort des classes laborieuses. Sous un régime de publicité poussée alors jusqu’à la licence, il n’avait qu’un seul moyen de faire croire à ses bonnes intentions : c’était de les rendre efficaces. Le gouvernement se mit donc à l’œuvre, comme l’humanité et une politique prudente lui cri faisaient la loi. Des institutions furent créées ou développées, institutions durables et fécondes, qui attestaient à la fois le désir d’améliorer le sort des travailleurs et la ferme volonté de protéger la liberté par la discipline. Des résultats notables ont été obtenus, et sans entrer dans les détails il importe de constater ici quelques faits significatifs.

Nos salles d’asile ont reçu, depuis 1830, un régime légal et un caractère public. Leur nombre, qui n’était encore que de 102 en 1834, montait à 1,489 à la date des derniers relevés officiels. Le développement des écoles primaires ne s’est point ralenti non plus depuis la loi de 1833, qui en est le fondement et la charte. S’il reste encore quelque chose à faire, le progrès de l’instruction parmi les ouvriers n’en est pas moins un titre acquis au gouvernement de 1830. La disposition de la loi sur le travail des enfans dans les manufactures qui rend obligatoire la fréquentation des écoles atteste la volonté de persister