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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 15.djvu/727

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renferme tant de causes d’erreur, lorsque la question la plus simples, la plus élémentaire en ce genre, celle de savoir si une maladie est contagieuse ou non dans les pommes de terre, n’a pas pu être encore résolue ! Et pourtant, en faisant sur les plantes les expériences nécessaires pour éclaircir ce point, on peut toujours éviter les causes d’erreur qui rendent si incertaines les observations analogues qu’on voudrait tenter sur les hommes. Lorsque dans cette matière les savans auront résolu les questions les plus simples, ils pourront s’exercer avec succès sur de plus difficiles. Jusque-là toute conclusion serait, à notre avis, prématurée et ne pourrait conduire qu’à substituer un préjugé nouveau à un ancien préjugé.

Dans cette saison, les savans voyagent, et, vers la fin de l’année scolaire, Paris est visité tous les par quelque célébrité européenne. La semaine dernière, M. OErstedt, le fondateur de l’électro-magnétisme, assistait à la séance de l’Académie des Sciences. On sait depuis long-temps qu’en frottant certains corps, le verre et la résine, par exemple, on développe un principe appelé électricité, qui donne lieu à des phénomènes particuliers. Tout personne ayant reçu quelque instruction a vu une fois au moins dans sa vie fonctionner la machine électrique, et peu d’enfans ignorent que, lorsqu’on frotte un chat dans l’obscurité, on aperçoit de petites étincelles qui ne sont dues qu’à un dégagement d’électricité. Cette branche intéressante de la physique, qui a dû au génie de Volta de si notables progrès, a été enrichie par lui de ce puissant instrument qui porte son nom (la pile de Volta), et à l’aide duquel on peut produire des courans continus d’électricité. Après avoir appliqué avec un succès merveilleux cet instrument à la décomposition des corps les plus réfractaires, les physiciens ne se doutaient pas encore que ces courans électriques possèdent des propriétés spéciales, et que l’électricité en mouvement agit sur les corps d’une tout autre manière que lorsqu’elle est en repos. C’est surtout en excitant un état magnétique particulier dans un corps soumis à leur action, que la présence de ces courans, et qui est appelée l’électro-magnétisme, que M. Oertedt a attaché son nom d’une façon si glorieuse. L’illustre physicien danois a été reçu à l’Institut par ses confrères avec un empressement qui a dû lui prouver tout le cas que l’on fait de ses découvertes et de ses travaux.

Les savans anglais et allemands viennent souvent à Paris, mais les savans italiens quittent rarement leur pays, et on les voit peu de ce côté-ci des Alpes. Cet isolement est peu profitable aux sciences, et il est à désirer que les hommes de mérite qui abondent en Italie se décident à venir faire chez nous un échange d’idées et de connaissances également avantageux aux deux pays. Le spectacle d’une activité dont on n’a aucune idée au-delà des Alpes, l’action directe d’un foyer vers lequel convergent toutes les lumières de l’Europe sont de nature à exercer la plus heureuse influence sur des esprits merveilleusement doués, mais qui se renferment parfois dans un cercle d’idées trop restreint On se plaint souvent en Italie que des travaux remarquables, entrepris à Milan ou à Naples, ne soient guère connus sur les rives de la Seine. Cette plainte est fondée en partie, et l’on regrettera toujours que des hommes tels que Bidone et Mascagni, par exemple, aient pu travailler pendant trente ans, l’un au progrès des sciences physiques et mathématiques, l’autre à l’avancement de l’anatomie et de la physiologie,