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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 15.djvu/959

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sont les justes et légitimes concessions? Feu lord Sydenham (M. Poulett Thompson), alors gouverneur du Canada, aussitôt après la pacification du pays, proposa, au nom de l’Angleterre, la réunion des deux provinces, appelées à une part égale dans la représentation locale ; il demanda une liste civile, votée pour tout le règne, afin de parer aux conséquences du refus de l’impôt, tenté en 1833 par les chambres d’assemblée, et d’assurer les dépenses du gouvernement exécutif; enfin il proposa de décréter que la plus grande partie de la dette contractée par le Canada supérieur, le Canada de l’Angleterre, pèserait sur la nouvelle province résultant de l’union, c’est-à-dire, pour plus de moitié, sur le Canada français.

Le lendemain d’une sédition réprimée, aucune résistance n’est possible : les chambres d’assemblée votèrent ce qu’il plut au proconsul anglais de leur proposer; mais, à côté de ces difficultés, toutes résolues au profit de la Grande-Bretagne, il était des questions sérieuses qui avaient agité le pays: celle, par exemple, de la responsabilité du ministère, c’est-à-dire du conseil exécutif. Les chambres d’assemblée, à l’instar du parlement anglais, voulaient avoir le droit de l’invoquer contre une administration tyrannique et illégale. On en parla beaucoup, et sur tous les tons; mais cette réforme, positivement refusée par lord John Russell avant les hostilités, n’a pas été accordée depuis. Sir Charles Bagot, qui remplaça M. P. Thompson, essaya seulement la fusion des partis, en admettant au sein de ce conseil quelques représentans de chaque opinion. Sir Charles Metcalfe, successeur de sir Charles Bagot, dans son discours d’ouverture à la troisième session de la législature unie, se contentait de témoigner un zèle ardent pour l’amélioration de la colonie, et prônait surtout un meilleur système d’immigration. Il annonça l’acte du parlement qui admettait, avec des droits purement nominaux, les blés du Canada sur le marché de la Grande-Bretagne. Enfin, après de longs débats, il fut décidé que le siège du gouvernement serait transféré de Québec à Montréal.

Peu après, de nouvelles difficultés s’élevèrent entre le conseil exécutif, maintenant composé de Canadiens, et le gouverneur que nous venons de nommer. Le conseil voulait être consulté sur toutes les nominations aux emplois publics, ce qui lui fut refusé comme une mesure impliquant un défaut de confiance, et tendant à limiter la prérogative royale. Sur ce refus, et à l’exception d’un seul membre, le conseil résigna ses pouvoirs, appuyé en ceci par la majorité de la chambre d’assemblée, qui vota au gouverneur une adresse de regrets, tout en abjurant la pensée d’exercer par là une contrainte quelconque sur le représentant de l’autorité métropolitaine. Cette démarche amena le renvoi immédiat des représentans, petit coup d’état que le gouvernement anglais ratifia dans les termes les plus flatteurs pour son délégué. Au printemps de 1845, les mêmes difficultés subsistant encore, la chambre d’assemblée