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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 17.djvu/1139

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joie dans un noble cœur ; mais ce mot, Christine ne le dira pas : elle repousse avec un triste sourire la main qu’on lui tend. Désormais c’est à Dieu qu’elle appartient. Qui saura combien ce suprême renoncement a coûté de luttes et d’angoisses ! Sœur Marthe-Marie retourne au cloître, et les tristes voiles auxquels elle tend une tête enfin docile deviennent bientôt son linceul.

Nous n’ajouterons rien à cette simple analyse. Parmi les impressions qu’éveillent de tels récits dans leur grace attendrissante, il en est une seule sur laquelle nous voudrions insister. Il y a quatre ans, nous signalons dans un autre récit dû à la même plume « cette fraîcheur tendre, cette fleur furtive du cœur, » qu’on ne retrouve plus guère dans les écrits contemporains : ce qui nous charme et ce qui nous rassure en effet dans ce concours apporté aux lettres par quelques plumes délicates, c’est l’attrait de rajeunissement qu’elles communiquent à des genres pour lesquels depuis long-temps le courant des suaves inspirations semblait tari. Nous leur devons ainsi des surprises que la littérature nous donne aujourd’hui trop rarement. Qu’on ne s’étonne donc pas de la confiance que nous inspirent ces tentatives et de l’empressement que nous mettons à les signaler. Qui sait quels rayons pourront jaillir de ces ombres aujourd’hui trop discrètes ? qui sait si la Muse ne devra pas chercher un jour dans ces abris nouveaux et hospitaliers les clartés sereines et les sources fécondes qui lui manquent ailleurs ?


F. DE LAGENEVAIS.