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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 17.djvu/289

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qui l’entourent, le second par les houillères de Mons, peuvent à peine suffire à la consommation des contrées, bien moins étendues, qu’ils alimentent. Et c’est dans un tel état de choses qu’on a cru devoir établir, sur cette partie de notre frontière, des droits exceptionnels, droits qui ont été long-temps prohibitifs. C’était donc à dire qu’on voulait affamer de houille toute cette portion de la France, qu’on voulait empêcher l’industrie d’y naître, ou bien priver entièrement, et ce n’est pas une hypothèse, l’ouvrier des villes et des campagnes d’un combustible à son foyer ! Si tel avait été le but proposé, on n’aurait que trop bien réussi, surtout avant le dégrèvement partiel de 1836.

La nature, qui n’avait pas doté la France d’une quantité suffisante de combustible minéral dans son propre sein, avait voulu du moins qu’elle pût en être assez convenablement pourvue par le dehors, à la seule condition d’ouvrir un accès facile aux arrivages étrangers. Elle avait d’abord placé au centre du pays, là où les houilles étrangères n’auraient pu parvenir sans de trop grands frais, nos mines les plus nombreuses et les plus riches. Puis elle nous avait entourés, à portée de nos frontières, d’une vaste ceinture de houillères inépuisables qui semblaient toutes préparées pour notre usage. Pour l’approvisionnement de nos côtes sur l’Océan, elle avait placé au nord, sur le rivage même de l’Angleterre, d’immenses dépôts où nous n’avions qu’à puiser ; et afin que nous ne fussions pas à cet égard trop dépendans d’un seul peuple, et que le littoral tout entier fût bien pourvu, elle nous avait préparé encore de grandes réserves au midi, sur la côte des Asturies, presque en face de Bayonne, réserves qui ne sont pas encore exploitées, mais qui le seront probablement bientôt, et qui le seraient peut-être déjà si nous avions favorisé cette exploitation par l’adoption d’un régime moins exclusif. Dans la partie de l’est et du nord-est, la nature ne s’était pas montrée pour nous moins libérale, puisqu’elle y avait échelonné tout le long de notre frontière des mines d’une grande puissance, celles de Mons, de Charleroi, de Liège, de Namur, de Saarbruck et de Saint-Imbert, toutes situées pour ainsi dire à portée de nos mains. Ainsi entourée, la France n’avait pas trop à se plaindre de son partage ; mais nous nous sommes évertués depuis trente ans à amoindrir, à annuler tous ces bienfaits. A l’ouest, où la route de l’Océan s’ouvrait toute grande pour verser la houille étrangère sur nos côtes, nous l’avons repoussée par l’exagération des droits ; et si, à la frontière de l’est, nous avons paru plus disposés à l’accueillir, en modérant un peu nos tarifs, nous l’avons repoussée de même, en opposant à l’importation de ce combustible, durant trente années d’une paix profonde, l’extrême difficulté des transports. On sait, en effet, que le canal de la Marne au Rhin et le chemin de fer de Paris à Strasbourg, qui seuls pourront apporter à des prix tolérables les houilles de Saarbruck dans six ou sept de nos départemens, ne sont