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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 17.djvu/414

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que les fonds des états allemands et même que les rentes anglaises, qui sont renommées par la fixité de leur cours. Les consolidés anglais sont tombés de 97, qui a été leur maximum en 1846, au taux de 90, où on les a vus il y a peu de jours ; les 3 et demi prussiens, de 97 trois quarts, où ils étaient en janvier 1846, étaient venus, en octobre, à 91 trois quarts ; de même, de janvier à novembre 1846, les 3 et demi bavarois d’au-delà de 100 étaient tombés à 93, et les 3 et demi wurtembergeois, de 97 au-dessous de 90. De septembre à novembre, les fonds badois ont subi une dépression relativement plus forte encore ; le 5 pour 100 français, de 123 60 où il a été accidentellement au mois de février, n’est pas descendu en 1846 plus bas que 117 25 et cette année que 115 60, soit en tout de 8 sur 124, ce qui est moindre que 7 sur 97. Notre 3 pour 100 a été à peu près de même. Les chemins de fer français, qui sont cotés également à Londres et à Paris, ne sont pas descendus aussi bas à Paris qu’à Londres.

Comme il faut tout dire, cette excellente tenue des fonds à la bourse de Paris a entraîné l’inconvénient que les étrangers sont venus y faire argent de leurs valeurs, et ce n’a pas été une des causes les moins actives de la sortie de notre numéraire. Ces jours derniers, par exemple, les chemins de fer français étaient de 35 à 40 francs plus haut à Paris qu’à Londres. 40 francs sur quelques chemins de fer comme celui du Nord, où il n’y a pas plus de 200 francs de versés par action, c’est exorbitant ; les spéculateurs anglais ont dû saisir cette occasion pour vider leur portefeuille chez nous. De ce point de vue, un peu plus de baisse à la bourse de Paris eût été un profit pour la France. Cette fermeté des cours chez nous, pourvu qu’elle se soutienne jusqu’au bout, démontrera que la France recèle en elle plus de ressources qu’on ne le pensait communément et qu’elle le croyait elle-même.

Du mouvement comparé des effets publics dans les différentes bourses de l’Europe ressort une autre conclusion, à savoir que les Allemands, par exemple, ont été plus avisés que nous. Ils ont avant nous aperçu la crise des subsistances ; c’est pour cela que les capitalistes allemands ont réalisé leurs portefeuilles en octobre et novembre, afin de n’être pas maîtrisés par les événemens, et de les dominer au contraire. La baisse, qui s’est alors déclarée chez eux par l’effet d’une grande quantité de ventes, aurait dû nous donner l’éveil. Notre gouvernement lui-même devait y trouver des indications plus précises sur la véritable situation des approvisionnemens en Europe. Parmi tous les faits dont il, pouvait attendre quelques lumières, il n’y en avait pas de plus significatif.

Ce que nous éprouvons à l’endroit de la Banque se réduit donc à une raréfaction du signe représentatif. Une partie de notre numéraire nous a quittés sous l’influence de plusieurs causes. L’achat des blés étrangers