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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 17.djvu/583

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l’anarchie, et qui appellent une répression éclatante. Les désordres ont été partiels, inégaux, amenés par des causes diverses. Un pareil état de choses fait une loi au gouvernement d’une vigilance continue, pleine de fermeté et de tact. L’ignorance de bonne foi doit être éclairée ; l’esprit anarchique qui passe du pillage à l’assassinat, châtié sévèrement. Le gouvernement a demandé à la chambre un crédit extraordinaire pour accroître l’effectif de l’armée dans les divisions territoriales de l’intérieur. Cet accroissement doit mettre en activité dix mille hommes de plus. Est-ce assez ? Nous en doutons, si nous songeons à toutes les éventualités qui peuvent se produire au dehors et au dedans. A l’intérieur, la répression, faute de troupes, n’a pas été aussi rapide, aussi décisive qu’elle devait l’être. Qui peut répondre que, dans un avenir plus ou moins éloigné, la France ne devra pas faire quelque manifestation, quelque déploiement de forces ? Les gouvernemens n’ont pas de meilleure défense, de meilleure garantie de la paix que la prévision qui prépare pour les momens de crise d’imposantes ressources.

En ne proposant qu’une si faible augmentation dans l’effectif, il est probable que le ministère s’est préoccupé des intentions d’économie manifestées par la chambre. La commission de l’adresse a exprimé la ferme résolution de ne laisser introduire aucune dépense nouvelle que ne justifierait pas une évidente nécessité. Elle se propose donc aujourd’hui de porter dans les détails du budget un examen sévère, et de demander un compte exact des résultats obtenus par les crédits considérables qu’elle a alloués. Pour répondre aux justes exigences du parlement, M. le ministre de la marine a fait distribuer à la chambre une note préliminaire qui donne une idée des efforts de la marine pour s’organiser et se préparer à employer avec fruit les ressources que le pays met à sa disposition. Sur un point aussi essentiel, l’impatience de la France est naturelle ; toutefois il faut songer qu’on ne fait pas des marins comme des soldats, et des équipages de vaisseaux comme des régimens. Il faut considérer aussi que ces préparatifs doivent se faire en mène temps qu’on pourvoit à un service courant de plus en plus actif et compliqué. En effet, au moment de commencer de nombreuses constructions nouvelles et de fournir les magasins d’approvisionnemens considérables, il importait d’organiser fortement dans les ports une comptabilité de matières dont l’imperfection et l’obscurité excitaient depuis long-temps de justes réclamations ; il fallait aussi distribuer, dans l’administration centrale, la direction des services de manière à ce que cette comptabilité des matières pût être l’objet d’une surveillance plus attentive. De pareils préparatifs frappent peu les yeux, et ne se révèlent que par les résultats qu’on obtient plus tard. C’est ce qu’explique la note préliminaire. On y voit qu’après ces premières bases jetées, l’administration de la marine va poursuivre avec ardeur l’achèvement de l’ceuvre que lui impose le vœu du pays, c’est-à-dire le développement de la force active de la flotte. « Le but final de l’organisation des arsenaux, dit la note, c’est la flotte active de la France. » Le but est clairement défini ; nous espérons que l’administration de la marine y marchera avec décision, avec persévérance. Elle doit se sentir aiguillonnée par la générosité des chambres et par l’espoir que le pays met dans ses travaux.

Il y a quinze jours, nous signalions l’élévation du taux de l’escompte comme la seule mesure que dût prendre la Banque de France, si ses craintes la forçaient à changer quelque chose dans ses opérations. Cette mesure a été prise en effet,