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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 17.djvu/883

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mieux situées rapportent à leurs propriétaires une rente plus forte. Il en serait de même quant aux forges inégalement partagées par rapport à l’emploi, soit du combustible, soit du minerai ; le fonds en acquerrait une valeur plus ou moins grande, et voilà tout. Quelques-unes seulement, placées dans des conditions tout-à-fait défavorables, succomberaient, et pour celles-là, quoi qu’on résolve et quoi qu’on fasse, leur destinée est écrite, elles n’y échapperont pas.

Le grand malheur des usines qui font usage du bois, ce qui est leur tort irrémédiable, ce qui les condamne à une infériorité perpétuelle et sans aucun espoir de changement, c’est qu’elles ne sont pas susceptibles d’étendre leur fabrication à volonté. La production y est fatalement bornée par l’étendue et la richesse des forêts qui en occupent le voisinage. Or, ces forêts restent et resteront ce qu’elles sont, si même elles ne tendent pas à décroître, à mesure que l’accroissement de la population rendra la culture du sol de plus en plus nécessaire. Ordinairement aménagées pour un certain nombre d’années, par exemple vingt ans, ces forêts donnent tous les ans les mêmes coupes et livrent par conséquent aux forges des quantités invariables de bois carbonisé. Voulût-on, dans l’intérêt de l’industrie dut fer, augmenter la production du bois par de nouvelles plantations, on n’y parviendrait toujours qu’après un certain nombre d’années, et, outre le déficit qui pourrait en résulter dans la production d’autres denrées nécessaires, cette ressource ne répondrait jamais à des besoins présens. De là, pour ces forges, une impossibilité absolue, radicale, de suivre pas à pas le progrès de la consommation ou des besoins. Il n’en est pas de même pour celles qui emploient le combustible minéral. Pour peu que les mines d’où elles le tirent soient fécondes, et que le minerai de fer ne leur manque pas, rien ne les arrête dans leur essor ; elles peuvent toujours, quand elles le veulent, répondre sans trop de peine aux besoins présens et aspirer dans l’avenir à un accroissement indéfini. Aussi voyons-nous que la fabrication au charbon de bois est demeurée depuis dix ans à peu près stationnaire en France, tandis que la fabrication à la houille ou au coke a doublé pour le fer, et triplé pour la fonte dans le même espace de temps[1].

  1. Voici les chiffres exacts pour les deux années extrêmes de la période décennale :
    FONTE DE FER « FER FORGE «
    au charbon de bois à la houille au charbon de bois à la houille
    1835 2,464,848 q. m. 483,159 q. m. 1,081,592 q. m. 1,013,795 q. m.
    1844 2,805,861 1,465,892 1,084,912 2,065,13

    br/> L’augmentation, assez faible d’ailleurs, qu’on remarque dans la fabrication de la fonte au charbon de bois, provient en grande partie de ce qu’on a appris à mieux utiliser le combustible.