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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/22

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pour les mines de Guanaxuato et de Zacatecas, même en laissant les communications dans l’état détestable où elles sont aujourd’hui. La réduction serait de plus des neuf dixièmes avec de bonnes routes.

L’établissement de bonnes communications pourrait diminuer de même, dans une forte proportion, la dépense en magistral, car les pyrites de cuivre sont en assez grande abondance dans le pays[1]. Cependant, lors même qu’on parviendrait à réduire des deux tiers ou des neuf dixième la dépense occasionnée par le sel et le magistral, le prix de l’argent en serait médiocrement affecté, parce que ces deux ingrédiens ne représentent actuellement que 61 grammes d’argent. Une réduction de 50 grammes sur ces deux articles, soit des cinq sixièmes, ce qui serait énorme, équivaudrait à 5 pour 100 seulement des frais de production du kilogramme d’argent.

La dépense en mercure est double de celle du magistral et du sel réunis. Ce métal n’est aujourd’hui exploité sur une grande échelle, pour le commerce général, qu’en deux points, tous les deux situés en Europe : Almaden en Espagne, et Idria dans la Carniole. Les mines d’Almaden sont les plus riches, et, graces à Dieu, ne semblent pas à la veille de se tarir : celles d’Idria sont aujourd’hui pareillement en grande prospérité ; mais, pour les mineurs mexicains, tout se passe comme si les mines de mercure se fussent appauvries et eussent haussé leur prix de vente. Sous le régime colonial, la couronne d’Espagne s’était réservé la vente du mercure d’Almaden ; elle achetait de même au dehors celui d’Idria pour le revendre. Elle ne livrait d’abord le mercure aux mineurs mexicains qu’avec un gros profit, tandis qu’elle le donnait au Pérou au prix coûtant. Le Mexique réclama, et en conséquence, de 980 francs par 100 kilogrammes, à partir de 1777[2], le prix, mis d’abord à 732 fr., fut réduit à 500 francs les 100 kilogrammes rendus à Mexico[3]. Depuis l’indépendance, la spéculation l’a fait monter très haut ; il forme, entre les mains de quelques puissans capitalistes, l’objet d’un monopole. Rendu aux mines, il revient actuellement aux mineurs, selon l’éloignement du port, de 1,550 à 1,730 francs[4]. Les Mexicains se plaignent de cet enchérissement, qui les empêche, dès à présent, de traiter les minerais dont la teneur est moindre d’un

  1. Particulièrement à Tepezala. Généralement on peut évaluer que le magistral coûte de 45 à 90 francs les 100 kilogrammes, rendu sur les mines d’argent.
  2. Ce prix coûtant était de 150 francs à Séville par 100 kilogr. Il était de 355 francs à Mexico.
  3. C’étaient les prix du mercure d’Àlmaden. Celui d’Idria était un peu plus cher.
  4. En convertissant les monnaies espagnoles en monnaies françaises, nous calculons ici, comme partout, la piastre à sa valeur pleine, 5 francs 43 cent., et non pas à 5 francs, comme on le fait ordinairement. Une piastre, tout comme 1 franc, est un poids d’argent, et il faut exprimer ce poids tel qu’il est, sans entrer dans les variations de sa valeur relative selon les différens pays.