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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/292

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part, qu’en exposant aux yeux des capitalistes des chances à peu près certaines de bénéfices, on ne trouve pas d’argent. Si pourtant des obstacles imprévus empêchaient la formation des compagnies puissantes, il faudra bien que la nation en vienne à tenter l’expérience à ses risques et périls, c’est-à-dire à fonder quelques entreprises modèles en offrant la garantie d’un minimum d’intérêt.

Si une colonie apporte un accroissement de puissance, ce n’est pas par l’acquisition d’un nouveau territoire, c’est par la vitalité qu’elle excite parmi le peuple colonisateur. A quoi nous servirait-il de jeter des hommes sur le sol africain, si leur installation n’était pas profitable à la métropole ? De quel intérêt serait pour nous une peuplade pauvre, inhabile à créer des produits d’échange ? Une colonie doit consommer largement et offrir en retour les richesses de son sol. Pour réaliser cet idéal, il ne manque à l’Algérie qu’une première impulsion donnée par une main intelligente, que l’exemple d’un succès industriel à citer. Persuadé qu’une colonisation est surtout une affaire de pratique commerciale, nous avons essayé de substituer à des théories générales et dénuées de preuves des raisonnemens et des calculs positifs. Ce n’est donc pas une solution systématique et exclusive que nous ajoutons à la liste déjà trop nombreuse des systèmes. Un village organisé sur le type que nous exposons s’accommoderait du voisinage d’un camp agricole, de même qu’il trouverait sa place dans le triangle de M. de Lamoricière ou dans le cadre circulaire de M. le général Bedeau. Il profiterait des institutions civiles et pourrait à la rigueur s’en passer. En un mot, nos idées, essentiellement pratiques, ne peuvent que fortifier le régime qui doit prévaloir.


A. COCHUT.