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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/38

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qu’eux n’apprécie l’utilité des voies de communication ; ils jetteraient sur le pays un réseau de routes carrossables, de chemins de fer peut-être. Ils attaqueraient les mines avec tout l’arsenal que peut fournir la science mécanique et chimique ; ils y appliqueraient leurs moyens de crédit. Ils sont doués d’un tel entrain dans les spéculations et les affaires, qu’ils triompheraient de l’apathie et de la routine des indigènes, et, pour peu que le hasard les favorisât, pour peu que quelques compagnies rencontrassent des gisemens comparables à ceux sur lesquels tombèrent quelques mineurs heureux à la fin du siècle dernier ou au commencement de celui-ci, les mines seraient assaillies avec tant de vigueur, qu’elles seraient portées bientôt à leur maximum de production et au degré d’économie qui est raisonnablement possible. Le citoyen des États-Unis ne brille pas précisément par la prévoyance à longue date dans ses spéculations. Ainsi on ne devrait pas s’attendre à voir les individus consacrer beaucoup d’efforts à la régénération des bois, qu’on doit cependant considérer comme une des conditions du développement de l’industrie métallurgique du Mexique ; mais ce serait l’affaire des pouvoirs publics : une législature du Mexique qui compterait beaucoup d’hommes nés dans le Massachusetts ou dans le Connecticut, par exemple, ne manquerait pas de prendre à cet égard telle mesure qu’il faudrait. Elle saurait écrire et faire observer une législation spéciale escortée de toutes les clauses pénales dont besoin serait. Ce ne serait pas absolument nouveau dans le pays. Les rois qui avaient porté à l’apogée la puissance mexicaine avant l’arrivée des Espagnols avaient fait pour la conservation des forêts des règlemens minutieux empreints de cette excessive sévérité qui est le cachet ordinaire des législateurs primitifs, et on en trouve la trace dans les légendes.

Sans s’évertuer à soulever le voile qui cache l’avenir politique du Mexique, on peut dès à présent tenir pour certain qu’avant peu des circonstances nouvelles se produiront, dont l’effet sera d’y métamorphoser l’industrie métallurgique. L’activité des citoyens des États-Unis, qui seront les agens de cette métamorphose, semble même devoir faire sentir ses effets plus loin, sur l’étendue tout entière du nouveau continent ; car, maîtresse déjà de la Californie et de la majeure partie de l’Orégon, la race anglo-américaine va apparaître en dominatrice sur les eaux de la mer du Sud, où elle ne faisait que montrer son pavillon ; sur ces belles mers elle détient déjà, pour ne pas s’en dessaisir, un littoral de plusieurs milliers de kilomètres. Le nouveau continent une fois pris à revers par ces hommes entreprenans, il est probable que l’industrie humaine, plus arriérée sur le versant occidental du Nouveau-Monde, le Chili excepté, que sur le versant qui regarde l’Europe, y recevra urge vive impulsion. On peut donc prévoir que des mines autres que celles du Mexique amélioreront leurs procédés et agrandiront leur extraction par les mains des