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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/388

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rables, l’un sur l’enseignement du droit, l’autre sur l’enseignement et l’exercice de la médecine et de la pharmacie. Ainsi, en ce moment, le système entier de l’instruction publique, à tous ses degrés et dans ses spécialités principales, est livré au pouvoir législatif pour être remanié. Cette fois on ne reprochera pas au gouvernement un défaut d’initiative. M. de Salvandy ne se dissimule pas assurément qu’il faut beaucoup de temps et de réflexion pour résoudre tant de questions graves et délicates, mais il a pensé qu’il y avait avantage à les poser toutes à la fois, afin que ceux qui les étudieront puissent en embrasser l’ensemble. Les problèmes sont si nombreux et si compliqués, que nous ne serions pas étonnés que toute la durée d’une législature ne suffit pas à les débrouiller tous. En ce moment, le projet de loi sur renseignement et l’exercice de la médecine préoccupe de la manière la plus sérieuse une des commissions de la chambre des pairs. Le projet sur lequel elle délibère a ému, inquiété le corps médical, qui a cru y trouver plusieurs dispositions fâcheuses pour l’indépendance, pour la dignité du médecin. Ces impressions ont été d’autant plus vives, que l’été dernier la présence de M. de Salvandy et son langage au sein du congrès médical avaient fait concevoir à l’assemblée, qui avait couvert d’applaudissemens M. le ministre de l’instruction publique, les plus belles espérances au sujet de la loi qu’il avait promise. La commission de la chambre des pairs a entendu les observations des représentans du corps médical ; elle saura reconnaître ce que les plaintes des parties intéressées peuvent avoir de fondé, ce qu’elles ont sans doute d’excessif, et il sortira de cet examen un travail approfondi sur une matière que les progrès de la science et des mœurs ont singulièrement compliquée depuis l’époque où les lois consulaires ont été rendues.

Les discussions d’affaires ont commencé sérieusement au Palais-Bourbon. Après le projet sur la banque, dont la chambre s’occupe en ce moment, viendront la loi de douanes et les crédits supplémentaires. C’est là que seront abordées les questions du libre échange et de la colonisation africaine. Maintenant la chambre examine le projet tendant à abaisser à 250 francs la moindre coupure des billets de la Banque de France. Quelle est la quantité de numéraire circulant en France ? On avait cru, d’après certains calculs, que la France possédait plus de trois milliards en numéraire. Cette proportion est exagérée pour bien des causes. Le rapporteur de la commission, M. Benoist, rappelle qu’un grand nombre de pièces frappées antérieurement à 1829 ont été retirées de la circulation. D’un autre côté, il faut déduire de notre capital monétaire intérieur la partie de notre numéraire qui circule à l’étranger. L’Algérie absorbe aussi chaque année des sommes assez considérables. Toute mesure qui aura pour objet de faciliter l’exportation du numéraire doit donc être mûrement pesée par le gouvernement et par les chambres. Tout notre papier monétaire, les billets de la Banque de France, ceux de ses comptoirs et les billets des banques départementales, représentent une somme de 350 millions, c’est-à-dire un peu plus du tiers de la circulation de l’Angleterre, dont la population n’est guère que des deux tiers de la nôtre. Est-il désirable que parmi nous cette circulation soit accrue ? La commission n’a pas hésité à se prononcer pour l’affirmative, si cet accroissement peut avoir lieu sans que nous courions les dangers contre lesquels l’Angleterre est obligée de se prémunir. Le commerce de Paris, depuis assez long-temps, a réclamé des billets de petite coupure. La commission a pensé qu’il n’y avait aucun danger à accéder à