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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/459

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il est établi que le prix moyen du blé, qui avait été, de 1786 à 1790, de 17 francs 17 centimes l’hectolitre, s’éleva, de 1816 à 1825, à 20 francs 94 centimes, quoique dans la première période, troublée par nos guerres civiles, on eût jeté fréquemment le désordre dans le commerce des grains. Dans les années qui suivirent 1825, années de disette jusqu’en 1832, on sait que le prix des grains s’éleva dans une proportion encore plus forte. La loi de 1832, en modifiant le régime relatif aux céréales, en tempéra les rigueurs. Elle en maintint toutefois les principales dispositions, et l’on peut dire que, depuis 1825, la moyenne du prix du blé n’est pas demeurée au-dessous de 20 francs l’hectolitre.

On pourrait faire des observations semblables sur tous les produits de notre sol ; ainsi les lins et les chanvres ont sensiblement augmenté de prix depuis 1814, comme il serait trop facile de le prouver. La différence est au moins, pour les lins des qualités communes, de 1 franc à 1 franc 30 centimes le kilogramme[1], et pour les chanvres de 80 centimes à 1 franc 10. Il en a été de même des graines oléagineuses et des huiles qui en proviennent. Les laines, qui ont toujours été peu abondantes en France, mais qui s’y vendaient du moins à des prix en rapport avec ceux des laines étrangères, peuvent à peine en soutenir la concurrence aujourd’hui sous l’abri d’un droit protecteur de 20 pour 100, augmenté d’un droit différentiel de 3 francs les 100 kilogrammes établi en faveur de notre marine marchande. Nous avons déjà eu occasion de mentionner précédemment, en parlant de nos forges, le renchérissement considérable qu’ont éprouvé les bois, renchérissement que les uns évaluent, pour la France en général, à 50 pour 100 de la valeur, d’autres à 60, à 80, et que nous porterons seulement, en moyenne, pour ne rien exagérer, à 40 pour 100. En ce qui concerne les animaux de l’espèce chevaline, le renchérissement en est trop bien constaté par les aggravations successives de prix auxquelles le gouvernement a dû se résigner pour effectuer les remontes de la cavalerie. Il n’est pas jusqu’aux vins, ce produit éminemment français, et pour lequel la France, livrée à elle-même, n’aurait point de rivale, qui n’aient ressenti en cela la pernicieuse influence de nos tarifs.

Au reste, il y a cela de particulier dans ce qui touche aux produits de l’agriculture, que lorsqu’une cherté artificielle, engendrée par les lois restrictives, affecte les principaux de ces produits, notamment les céréales et les bestiaux, elle s’étend nécessairement à tous les autres, car ceux qui n’y participeraient pas seraient peu à peu abandonnés. On comprend, en effet, que, les baux de fermage et les conditions générales de l’exploitation se réglant d’ordinaire sur le prix de ces denrées

  1. Nous ne parlons pas même de la présente année, où les prix, exceptionnellement élevés, excèdent de beaucoup ce dernier chiffre.