Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/484

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si elle ne veut pas que les voies nouvelles de communication, qui lui enlèvent déjà les voyageurs, n’annulent ou tout au moins n’écornent dans ses mains le produit des lettres, elle aura recours à l’expédient universel et toujours infaillible du bon marché.

Mais ne vient-elle pas de faire elle-même une tentative dont les premiers résultats semblent être d’une nature très rassurante ? Lorsque le gouvernement et les chambres admirent la réduction à 2 pour 100 du droit établi sur les articles d’argent, qui était auparavant de 5 pour 100 sans compter le timbre, et qui produisait annuellement un peu plus d’un million, on s’attendait à voir le produit de cette taxe tomber à 420,000 francs. Eh bien ! les sommes déposées, qui représentaient, dans les deux premiers mois de 1845, 4,061,839 francs, ont figuré, dans les mois de janvier et février 1847, pour 6,234,237 francs. L’accroissement a été de 53 pour 100, malgré les circonstances les plus défavorables, et l’on est en droit de conclure, de ce commencement d’expérience, que le revenu de 1847, après la réduction de la taxe, ne sera pas sensiblement inférieur à celui de 1846. En Angleterre, le droit perçu par l’administration des postes pour le transport des articles d’argent n’est que de 60 centièmes pour 100. La modération de la taxe a donné à cette partie du service et au revenu qu’elle produit une impulsion extraordinaire. En 1839, les dépôts se composaient de 142,000 articles, représentant un peu plus de 6 millions de francs ; en 1845, les 2,627,173 dépôts représentaient la somme énorme de 137 millions : l’accroissement a donc été de 2,283 pour 100 en six années.

Lorsque la circulation des lettres rencontre les mêmes facilités que le transport des personnes, il est naturel qu’elle se développe dans la même proportion. Les choses se passent-elles de la sorte en France ? On en jugera par le rapprochement qui suit. En 1816, le droit du dixième perçu par le trésor sur le transport des voyageurs par voitures publiques produisait 1,669,367 francs, et en 1836, 4,305,369 francs ; en 1845, et sans compter la contribution fournie par les entreprises de chemins de fer, le produit était de 8,771,449 francs. En trente années, l’accroissement du revenu pour cette branche de l’impôt avait donc été de 562 pour 100. Aux deux points extrêmes de cet intervalle, le produit de la taxe établie sur le transport des lettres avait été, en 1816, de 19,825,000 fr., et de 46,678,388 fr. en 1845 : progrès, 234 pour 100. Pourquoi cette différence ? D’où vient que, si l’on voyage aujourd’hui cinq ou six fois autant que l’on voyageait il y a trente ans, on écrit à peine deux fois autant que l’on écrivait il y a un quart de siècle ? Cela tient évidemment à ce que le prix du transport par les voitures publiques s’est réduit en même temps que ces entreprises amélioraient leurs moyens de locomotion et apprenaient à franchir rapidement les grandes distances, tandis que l’administration des postes, en doublant, en triplant la vitesse