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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/597

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très facile, comme le démontrera peut-être bientôt la Revue, de l’employer ailleurs à des travaux d’une incontestable utilité.

Toulon n’est pas tout entier dans son arsenal, mais on pourrait presque dire qu’il en vit, et ce grand établissement exerce sur les mœurs, sur les tendances et le mouvement de la population qui l’entoure, une influence dont l’étude serait des plus instructives. Le nombre des habitans semble s’élever ou s’abaisser avec les dépenses de la marine. En 1698, il était de 29,000[1], et au recensement de 1789 de 30,160 ; cela ressemblait à un état normal. En 1801, il est réduit à 20,600 ; c’était un effet naturel des suites de siège et des malheurs de la révolution. Il remonte en 1811 à 28,380, et nous le retrouvons en 1831 de 28,419 ; mais, au recensement de 1816, la commune de Toulon compte :


habitans
Population normale et municipale intrà muros
39,243
                                         extrà muros
6,191
Militaires, marins inscrits, infirmes des hospices, élèves des collèges, forçats, détenus
17,507
Total
62,941

On ne saurait admettre que cette population se soit accrue de 121 pour 100 en quinze ans ; il est probable que, dans les recensemens antérieurs à celui de 1831, l’on a tantôt admis, tantôt éliminé le bagne et la garnison. En 1831, on n’a pas fait entrer en ligne de compte cet élément variable, ce qui réduit l’augmentation réelle à 60 pour 100 ; dans cette limite, le mouvement imprimé par l’occupation de l’Algérie et par le développement de notre marine militaire l’explique suffisamment.

Aux 39,243 habitants domiciliés dans la ville proprement dite, on ne saurait ajouter moins de 3,767 individus pour la garnison, les élèves des collèges, les malades aux hôpitaux, les marins, les passagers, toujours si nombreux dans ce pays : à ce compte, 43,000 créatures humaines sont agglomérées entre les murs de l’arsenal et l’enceinte bastionnée, et cet espace est de 32 hectares. La densité de la population y est donc de 1,437 habitans par hectare : elle n’est à Paris que de 302[2]. Si nous étions aussi serrés à Paris qu’on l’est à Toulon, au lieu de 1,053,897 habitans, nous en compterions 4,924,600, et, pour être au large comme nous, les habitans de Toulon auraient besoin de 142 hectares Cet entassement excessif de la population a entraîné une foule de conséquences bizarres, quoique faciles à prévoir. Pour loger tant de

  1. Mémoire sur la Provence, par M. Lebret, intendant. B. R. Mss.
  2. La superficie de Paris est de 3,424 hectares.
    La population fixe y est aujourd’hui de 945,721 habitats.
    Et la population flottante de 108,176
    En tout 1,053,897 habitats.