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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/845

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Il lui annonce qu’une nombreuse cohorte marche vers le tombeau pour le garder, de peur que les disciples ne dérobent le corps.

« LA MÈRE DE DIEU. — Va ! va ! cohorte impie, veille bien alentour. Tu serviras peut-être de témoin à sa résurrection. »

La nuit marche (comme on vient de le voir, c’est la deuxième nuit depuis le commencement de la pièce). Une des femmes, Magdeleine, se propose de sortir pour aller épier autour du tombeau ; elle y rencontrera peut-être celles qui y sont restées. — La Mère de Dieu veut partir avec elle. Elles réveillent les femmes qui se sont endormies. « Allons ! allons ouvrez vos yeux. Ne voyez-vous pas la lune qui brille ? L’aurore, l’aurore va paraître ! Voici déjà l’étoile du matin. » Ici la scène changeant de nouveau, ou le décor étant double, ainsi que nous avons dit, Magdeleine et la Mère de Dieu rencontrent les autres femmes qui veillaient à quelque distance du sépulcre. — Enfin elles arrivent au sépulcre même. — Plus de gardes ! Embaumons le corps ; mais qui soulèvera la pierre ? La pierre a roulé loin du tombeau, Le tombeau est vide ; le corps a été enlevé ! — Elles sont saisies d’effroi. Tout à coup un ange, vêtu de lumière et de blancheur, éblouissant comme la neige, leur annonce la résurrection du Christ. Bientôt le Christ lui-même leur apparaît, et leur ordonne d’aller annoncer aux disciples la bonne nouvelle. Puis vient un sixième messager, et, selon les habitudes du théâtre grec, la narration en forme succède au récit sommaire de l’événement. Le messager raconte aussi les inquiétudes que ce miracle inspire aux prêtres ; mais ce qui est curieux, et ce qui prouverait que cette pièce n’était pas faite pour être représentée, c’est un dialogue entre les gardes du tombeau et les prêtres incrédules, qui s’intercale ici dans le récit même, et qui forme une scène dans une autre scène. Les noms des interlocuteurs sont indiqués hors du texte, comme dans le courant de la pièce proprement dite. Les prêtres engagent les gardes à dire à Pilate qu’ils se sont endormis, et qu’on a volé le corps pendant leur sommeil. Pilate hésite à croire les gardes ; ils vont peut-être avouer la vérité, quand les prêtres se hâtent de prendre la parole pour brouiller tout. Cette scène est, à notre avis, la plus intéressante de la pièce, et c’est une scène par parenthèse. C’est le messager qui raconte tout cela, de sorte que ce dialogue direct nous arrive indirectement. Magdeleine, à son tour, sur l’invitation de la Mère de Dieu, recommence le récit de tout ce qu’on sait déjà, la résurrection., l’ange vêtu de blanc, et du reste lui fait observer par deux fois qu’elle sait tout cela aussi bien qu’elle. C’est pour le messager qu’elle parle apparemment.

La scène change une dernière fois. Toutes les femmes se rendent à la maison où les disciples sont rassemblés. On ferme les portes, et, malgré les portes fermées, voilà que le Christ apparaît au milieu d’eux.