Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/956

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riorité actuelle des catholiques dans la chambre des représentans et ajoutées à la minorité libérale, laisseraient encore, entre les deux opinions, une différence de quatorze voix au profit des catholiques. Avec un succès égal à celui qui leur eût permis naguère d’équilibrer le parti catholique dans la seconde chambre, les libéraux risqueraient fort, comme on voit, de retomber, pour deux ans encore, dans l’impuissance des minorités. Voilà ce qu’ils auraient gagné à la nouvelle répartition.

Nous discutons ici le pis-aller. Jamais, du reste, les libéraux ne se sont présentés sur le champ de bataille électoral avec une organisation plus formidable. Aux ultra-modérés, que l’avènement du cabinet de Theux a refoulés dans leurs rangs, il faut joindre l’ancien parti orangiste, qui, pour la première fois depuis la révolution, entre en lutte ouverte avec le clergé. Les ultra-libéraux eux-mêmes, qui, depuis le schisme survenu dans le club l’Alliance, semblaient hésiter, à l’égard du libéralisme modéré, entre la neutralité et l’hostilité, lui ont rendu spontanément leur concours. Cette réconciliation, où toutes les avances sont du côté des ultra-libéraux, et que le gros du parti a acceptée avec une sorte de réserve dédaigneuse, bien propre à rassurer les convictions timides que pouvait effrayer un contact trop intime avec ces alliés actifs, mais compromettans ; cette réconciliation, disons-nous, s’est accomplie au sein d’un nouveau congrès libéral, qui a réuni, à la fin de mars, deux cent soixante-un délégués des associations électorales. Ce congrès a arrêté les bases d’un pacte fédératif, dont la conséquence immédiate est de faire du parti libéral un état dans l’état, avec sa hiérarchie, sa centralisation, ses impôts, sa presse et son enseignement, subventionnés, ses élections et son parlement.

De leur côté, le clergé et le ministère ne se reposent pas. Les évêques recommencent leurs tournées électorales, les chaires se changent en tribunes, les couvens se résignent à d’énormes sacrifices d’argent, et l’intimidation administrative s’exerce à découvert. La tactique de M. de Theux, disons-le, quelque estime que nous inspirent ses talens, n’est qu’une mauvaise et inopportune parodie de ce chimérique juste-milieu que M. Nothomb feignait de représenter entre le libéralisme modéré et les catholiques. Ses journaux ont exhumé pour cet usage notre classification de droite, gauche et centre, et M. de Theux se laisse placer, bien entendu, au centre, quoique ses moindres actes reflètent l’intolérance politique de l’épiscopat. Cette comédie ne trompe personne. Les hommes les plus réservés du groupe gouvernemental pactisent publiquement avec l’opposition. Dernièrement encore, on a vu le général Goblet, un des membres les plus timides du ministère Nothomb, accepter une candidature libérale, et il ne s’est désisté que devant une menace officielle de destitution. Voilà, par parenthèse, un échantillon assez significatif du modérantisme de M. de Theux.

L’Angleterre va aussi avoir sa fièvre électorale, et cela au milieu d’une crise financière qui parait se compliquer, car la sollicitude du gouvernement britannique n’a pas seulement à se porter sur l’Irlande, qui vient, au milieu de sa détresse, d’apprendre la mort d’O’Connell, sur l’intérieur même du royaume uni, où des émeutes ont éclaté ; elle doit s’étendre encore aux parties les plus éloignées de ce vaste empire. L’Inde n’est pas en ce moment un soutien pour l’Angleterre au point de vue financier, ainsi que s’en étaient flattés bon nombre de spéculateurs dans les 3 pour 100 consolidés et dans l’India-Stock. Malgré