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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/1099

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on signale comme un trésor la découverte récente d’Aïn-Barbar. On sait de plus, par certains indices géologiques et par des échantillons que colportent des Arabes, qu’il existe du cuivre dans le territoire de Tenès, près de Bougie, et dans d’autres points de la province d’Alger que l’on n’a pas encore pu découvrir. On espère trouver le plomb dans la chaîne qui aboutit au cap Caxine, dans les flancs de l’Ouarensenis et dans le Dahra. Il y a encore du plomb dont les Arabes se servent pour la fabrication des balles près de Sétif. Les substances minérales non métalliques sont également abondantes. Le sol algérien, qui semble imprégné de sel, fournit en grand nombre les dépôts de sel gemme et les sources salées. Le gypse, qui s’offre par masses énormes, les carrières de marbre, donneront un jour matière à des exploitations considérables.

Peut-être aurait-on dû chercher dans l’exploitation ou la vente de ces propriétés un dédommagement aux sacrifices que fait la France pour sa colonie ; mais, il faut bien le dire, l’application pure et simple de la loi française à l’Algérie a neutralisé ces valeurs. Considérant que l’industrie minéralogique est aléatoire et dispendieuse, et qu’il est bon d’y attirer les capitalistes par l’appât des gros bénéfices, la loi de 1810 n’imposa aux concessionnaires qu’une redevance légère au trésor, une indemnité annuelle au propriétaire de la surface et une prime à l’inventeur proportionnée aux avances qu’il a faites et à l’importance de sa découverte. Ces diverses contributions se confondent assez souvent, car il est rare qu’une mine soit concédée à un autre qu’à l’inventeur ou au propriétaire. Quand ce dernier n’exploite pas, la part qui lui revient est réglée par l’acte de concession. Chaque localité a ses traditions à ce sujet. Quant à la part que l’état s’est réservée, elle n’est vraiment pas en proportion avec l’importance de l’industrie minéralogique ; chaque surface concédée est frappée d’un impôt de 10 francs par kilomètre carré, et d’une redevance proportionnelle aux résultats de l’extraction qui ne doit pas excéder 5 pour 100 du produit net. Cette cotisation serait équitable, si elle pouvait être fidèlement établie ; mais l’estimation, excessivement difficile, donne lieu à beaucoup d’erreurs, et sans doute à ces fraudes que les hommes honorables se permettent naïvement quand ils ont à traiter avec le fisc. Souvent ces deux impôts sont remplacés par des abonnemens annuels, qui, stipulés d’ancienne date, n’ont pas suivi les progrès naturels de l’entreprise. Bref, l’extraction des minerais, qui crée en France une valeur commerciale de 100 à 120 millions, ne fournit pour sa part au budget qu’une misérable somme d’environ 400,000 francs. Une industrie aussi riche, aussi puissante, devrait verser au trésor dix fois plus.

Le gouvernement a essayé de corriger ce que la loi de 1810 peut