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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/38

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Massa, il se forma dans la région élevée du volcan une grande coupole de neige parfaitement blanche qui le disputait pour l’étendue aux dômes des plus vastes basiliques, et pour l’éclat aux marbres de Paros et de Carrare. Recupero ajoute avec raison que cette coupole résultait de quelque violente poussée du feu souterrain qui avait soulevé et courbé les couches superficielles du sol alors couvertes de neige[1]. Remarquons de plus que ces couches devaient avoir une épaisseur bien considérable, puisqu’elles protégeaient la neige contre la chaleur du foyer qui les avait ainsi soulevées.

Sans avoir vu les forces volcaniques déployer toute leur puissance, nous avons pu observer la plupart de ces phénomènes si controversés, et cela dans des circonstances qui nous permettaient l’appréciation des moindres particularités. A notre retour de Sicile, M. Blanchard et moi montâmes sur le Vésuve. Déjà, dans le cours de cette ascension si facile, nous avions reconnu combien est vraie l’observation de Spallanzani, qui, après avoir vu l’Etna, appelait le Vésuve un volcan de cabinet. Comme s’il eût voulu justifier en tout l’appréciation du célèbre naturaliste, le Vésuve nous rendit témoins d’une éruption en miniature, véritable expérience de laboratoire dont nous pûmes suivre à loisir toutes les phases, tous les détails.

Depuis deux ans environ, ce volcan travaillait à combler son cratère, et semblait près d’atteindre ce but. A quarante ou cinquante pieds au dessous de l’orifice s’étendait une croûte de lave noire et spongieuse semblable à un pavé d’asphalte irrégulier, parsemée de gros blocs de lave, et qu’entouraient comme un mur circulaire les parois intérieures du cratère. Au milieu de ce cirque d’environ cinq ou six cents pieds de diamètre s’élevait un petit cône de trente-cinq à quarante pieds de hauteur dont la bouche lançait sans cesse, avec un bruit assez fort de mousquetades, des tourbillons de fumée rouge de feu mêlés de cendres et de scories. Tous les jours, quelque ouverture se faisait au plancher de laves. La matière liquide s’épanchait à la surface et se solidifiait. Puis de nouvelles couches venaient se former au-dessus des anciennes qui se fondaient de nouveau et rentraient dans la masse commune. Ainsi, à l’époque de notre visite, le cratère du Vésuve était rempli presque jusqu’au bord de lave liquide recouverte d’une croûte solide. C’était

  1. « Se’ duelli reciprochi di questi due contrarii, fuoco e neve, si viddero varii scherzi della natura ingegnera, specialmente una vastissima cupola di bianchissima neye lavorata dal fuoco, che metteva invidia nella vastita della mole alle cupole delle maggiori basiliche, e nella candidezza della materia ai marmi di Pario e di Carrara. » (P. Massa.) -« Quella gran cupola di neve, che allora si vede, sara stata effetto di qualche valida arietazione fatta dal fuoco sotterraneo alla superficie del monte per un moto verticale, dal quale rialzatisi gli strati superiori en forma d’arco, sollevasi pure la neve sovrapposta, e venne a formarsi una protuberanza rappresentante la divisita cupola. » (Recupero, Storia dell Etna.)