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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 août 1847.


Le gouvernement s’est beaucoup occupé, dans ces derniers temps, de la question d’Afrique. La nomination de M. le duc d’Aumale comme gouverneur-général est décidée, et paraîtra sous peu de jours. Le prince n’aura pas, comme on l’avait dit, le titre de vice-roi ; le gouvernement a pensé avec raison que ce titre aurait des inconvéniens pour le principe constitutionnel de la responsabilité ministérielle. M. le duc d’Aumale sera un simple gouverneur-général, placé comme tout autre fonctionnaire sous les ordres d’un ministre responsable, et responsable lui-même de ses actes. C’est là un hommage rendu aux règles salutaires de notre constitution, et l’opinion en saura gré sans doute au gouvernement, qui a exigé cette condition, et au prince, qui l’a acceptée. La nomination de M. le duc d’Aumale sera accueillie avec joie à Alger ; la colonie y verra la plus grande preuve qui ait jamais été donnée de l’union définitive de la France et de l’Afrique. En France, elle deviendra probablement un thème d’opposition ; mais la discussion fera bientôt justice des défiances qui pourront être soulevées. N’est-ce pas une bien légitime ambition, pour un fils du roi, que d’attacher son nom et sa vie à l’œuvre la plus difficile que le pays ait entreprise, et la France ne doit-elle pas applaudir à ce jeune homme, qui préfère la peine et le danger d’une pareille chance à une brillante oisiveté ?

Nous sommes moins sûrs de l’approbation de l’Europe. L’Europe, et en particulier l’Angleterre, voit avec jalousie notre établissement en Afrique. La nomination de M. le duc d’Aumale paraîtra extrêmement significative à ceux qui pouvaient encore nourrir quelque espoir de voir la France se lasser de sa conquête. Après le mariage de M. le duc de Montpensier, cette nomination est l’acte le plus hardi que notre politique aura accompli depuis long-temps. Il ne faut pas oublier que la conquête d’Alger n’a pas encore été reconnue par la Porte, qui