Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/967

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA


CHOUANNERIE DANS LE MAINE.




LES FAUX-SAULNIERS.




I.

Placé aux marches de la Haute-Bretagne, le Maine semble la continuer par sa culture et l’aspect de son paysage. Ce sont toujours les mêmes friches où paissent nuit et jour les chevaux du métayer entravés aux pieds droits par un hart de chêne, les mêmes champs de blés parsemés de pommiers en parasol, les mêmes linières faisant onduler leur verdure bleuâtre comme les eaux d’un étang, les mêmes chemins creux s’enfonçant, dans toutes les directions, sous une voûte de feuillée. Les Manceaux eux-mêmes diffèrent peu des Haut-Bretons. Leurs costumes, leurs habitudes, leurs croyances, sont presque semblables, et c’est seulement en étudiant les caractères que vous pouvez saisir des nuances distinctives.

Pressés en sens inverse par la Bretagne et la Normandie, les Manceaux durent contracter de bonne heure, dans cette double lutte, l’esprit soupçonneux et l’humeur batailleuse. Toujours menacés, ils se tinrent toujours en défense. Si leur seigneur était parfois obligé de céder quelque