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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/443

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des girouettes ; on a des livres spéciaux sur les vitraux de Bourges, les stalles de la cathédrale d’Amiens, le maître-autel de Calais, etc. Les Annuaires, publiés aux frais des départemens, sont devenus eux-mêmes des miscellanées historiques qui renferment des biographies, des bibliographies, des textes du moyen-âge, de la géographie et de la statistique.

Si nous n’avons pas encore, comme on l’a tant de fois répété, une histoire de France qui réponde à tous les besoins, qui satisfasse toutes les curiosités, ce ne sont pas les documens qui manquent ; mais il est au-dessus des forces d’un homme de réunir et de dépouiller la gigantesque collection de tous les livres qui recèlent cette histoire. Ne serait-ce point une rouvre utile et glorieuse pour le gouvernement qui l’entreprendrait de donner aux hommes éminens qui se sont livrés à l’étude de nos annales la mission de prendre dans tous ces livres ce qu’il y a de bon et ce qu’il y a de vrai, de le coordonner pour qu’il puisse être embrassé d’un seul regard, d’élever enfin un monument de toutes ces pierres dispersées ? Condensée en quelque sorte par la rapidité des communications et par l’unité des idées, la France ne sera bientôt plus qu’une seule ville, à peine séparée de ses divers quartiers par des jardins féconds. Ce beau pays veut se connaître, et, de même que d’un seul regard il peut embrasser son enceinte comme un panorama immense, de même il doit lire son histoire dans un seul livre.


III.

L’archéologie, la numismatique, la généalogie, le blason et la biographie forment, d’après les bibliographes, l’appendice et le complément de l’histoire, et, comme elle, l’archéologie et la numismatique ont suivi dans ces dernières années une marche ascensionnelle, tout en se déplaçant.

L’archéologie présente deux grandes divisions qui comprennent, l’une l’antiquité, l’autre le moyen-âge. Dans la section relative à l’antiquité, on trouve l’archéologie grecque, l’archéologie romaine, l’archéologie orientale. L’étude du monde romain, qui attira pendant long-temps les préférences des érudits, et qui garde encore dans l’histoire un rang distingué, n’est guère cultivée aujourd’hui que par les savans de la province. Dans le monde scientifique de la capitale, c’est la Grèce, c’est l’Orient, et, dans l’Orient même, l’Égypte et la Perse, qui fixent spécialement l’attention. Ajoutons que la découverte des ruines de Ninive vient de constituer une branche nouvelle, l’archéologie assyrienne, qui ne peut manquer de donner des résultats importans. Travailleurs ardens et obstinés, les archéologues, hellénistes, orientalistes ou romains, ont donné au public un grand nombre d’ouvrages qui se recommandent autant par l’étendue des recherches que par la beauté de l’exécution typographique ; aussi l’Europe, qui nous envie ces grands ouvrages et qui les imite, s’empresse-t-elle de les placer dans les bibliothèques de ses palais, de ses musées, comme un ornement tout à la fois et comme un guide.

L’archéologie du moyen-âge a fait des progrès non moins notables. A partir de l’abbé Lebeuf, qui en posa les principes avec certitude et méthode, cette science était restée à peu près stationnaire, mais depuis quinze ans elle s’est constituée sur des bases nouvelles. Vers 1830, on voit naître l’architectonique,