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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/842

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Sur le milieu de sa plate-forme ovale s’élèvent les ruines du Parthénon. Le temple forme un carré long dont les petits côtés sont les façades. La façade principale est celle qui regarde le soleil levant ; ce n’est point l’orientation ordinaire des anciens temples doriens, de ceux du moins que l’on construisait sur des hauteurs. Vitruve nous apprend que l’usage était de placer l’entrée principale du côté de l’ouest, afin que la statue du dieu parût se lever sur la ville avec le jour.

La longueur du temple est de 71 mètres 60 centimètres environ ; la hauteur totale est de 30 mètres 50 centimètres. Il est d’ordre dorique ; les colonnes sont largement cannelées, ainsi qu’il arrive pour tous les temples de la Grèce. Il est construit de marbre pentélique ; Périclès choisit le plus beau qui se pût trouver dans la carrière ; beaucoup de pièces furent mises au rebut soit pour quelque défaut dans la matière, soit pour avoir été mal taillées, et l’on voit encore autour du temple et dans les murs de l’Acropole des fragmens de colonnes dont les cannelures n’ont point été achevées. Le temple est élevé sur un soubassement de trois hautes assises formant aujourd’hui trois marches, entre lesquelles on aperçoit la trace de deux autres plus petites. La coutume des anciens voulait que le nombre des degrés d’un temple fût impair, afin, dit Vitruve, que le pied droit, posé le premier sur le degré inférieur, arrivât le premier sur la dernière marche. Il y a huit colonnes de face et dix-sept de côté ; c’est le seul exemple de dorique octastyle que les anciens nous aient laissé. Ce péristyle simple règne autour de l’édifice et forme, avec les murs du temple, un portique élégant. Un second rang de six colonnes, élevé sur deux degrés derrière les premières, s’étend sur chaque façade et laisse entre lui et le mur de l’édifice un espace libre appelé pronaos pour la façade orientale et posticum pour celle qui regarde le Pirée. Le pronaos et le posticum étaient entourés d’une grille fixée dans le marbre des colonnes et qui ne s’ouvrait qu’aux jours de fête.

L’enceinte du temple était divisée en deux parties inégales par un mur vertical avec une porte de communication ; la plus grande des deux parties est la cella, qui s’ouvre sur le pronaos du côté de l’orient : c’était le temple lui-même ; elle contenait la statue de la déesse. L’autre salle portait le nom d’opisthodome ; on y déposait principalement le trésor public, placé ainsi sous la garde de Minerve. Des murs qui formaient l’enceinte du temple il ne reste plus aujourd’hui que ceux de l’opisthodome, à moitié renversés eux-mêmes ; ceux de la cella ont disparu ; les débris gisent autour du Parthénon. Les colonnes qui formaient dans la cella un péristyle intérieur sont détruites ; on sait aujourd’hui qu’elles étaient d’ordre dorique[1]. Quatre colonnes soutenaient la frise et le toit de l’opisthodome ; elles ont entièrement péri ; on ignore de quel ordre elles étaient, mais, si l’on considère que dans les temples analogues de la Grèce, de l’Italie méridionale, de la Sicile, ces colonnes étaient ioniques, il est présumable qu’elles étaient de cet ordre dans le Parthénon. M. Leake[2] soupçonne qu’elles

  1. La place des cannelures tracée au ciseau a été découverte sur le pavé du temple. Grace à des travaux récens, grace surtout aux études faites par M. Pacard, architecte de l’école de Rome, on possède aujourd’hui des données suffisantes pour résoudre avec certitude la plupart des questions relatives à l’état ancien du Parthénon.
  2. Dans son ouvrage sur les antiquités de la Grèce, art. Parthénon, et dans les notes.