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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/851

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dit Visconti ; pour ceux de la Nuit, la vie est encore dans leurs têtes mutilées Adde aquam, natabunt, disait Martial. Hercule Idéen, à demi étendu sur un rocher, et près de lui Cérès et Proserpine, assises l’une à côté de l’autre, font pendant aux trois Parques, déesses qui président à la naissance même des dieux. Iris, debout près de Cérès, va répandre dans le monde la nouvelle que Minerve est née, tandis que la Victoire demeure pour être sa compagne inséparable.

Sur le fronton occidental étaient représentés Neptune et Minerve luttant pour la protection de l’Attique. Le dieu des mers se retire vaincu, et Minerve se dispose à regagner son char. Il ne reste que le torse de Neptune, et Minerve, à demi détruite, a perdu son armure de bronze doré ; le temps a mutilé ces deux statues, mais il leur a laissé la trace de leur beauté primitive. À gauche, la Victoire sans ailes conduit le char de la déesse, et correspond à un personnage nu, qui peut-être représentait Cécrops, roi d’Athènes. Près de la Victoire sont assis Vulcain et Vénus, et dans l’angle du fronton Ilissus à demi couché, se relevant sur son bras gauche, semble saisi de joie à la nouvelle du triomphe de Minerve. À droite étaient les dieux favorables à Neptune, Amphitrite, Palémon, Leucothea, Latone, ayant sur ses genoux les Dioscures.

Avec les métopes et les frontons, la frise qui régnait autour du temple, à l’intérieur du péristyle et contre les murs mêmes de la cella et de l’opisthodome, formait à peu près tout ce que la sculpture avait mis d’ornemens à l’extérieur : il faut ajouter seulement les gueules de lions qui rejetaient l’eau sur les angles de l’édifice, quelques moulures artistement travaillées, et les gracieux antéfixes qui décoraient l’entablement. Personne n’ignore que la frise représentait en bas-relief la grande pompe des Panathénées. La pompe se divisait en deux colonnes, l’une d’hommes, l’autre de femmes ; toutes deux marchaient de l’ouest à l’est sur les deux côtés du temple, et se réunissaient dans le pronaos de la façade orientale au-dessus de la porte d’entrée. Au centre sont la prêtresse de Minerve, femme de l’archonte-roi, et l’archonte-roi lui-même, présidant aux sacrifices. L’une reçoit de deux canéphores des objets destinés au culte et couverts d’un voile, pendant que l’autre prend avec dignité le péplos des mains d’un éphèbe vêtu de la chlamyde noire. Sur six siéges, à droite et à gauche, sont assis douze dieux ou héros : Jupiter, père des dieux, Minerve avec la Victoire ailée, Triptolème, Cérès et les Dioscures occupent la gauche ; de l’autre côté sont Esculape et sa fille Hygie, Neptune, puis les deux filles de Cécrops, Aglaure et Pandrose, avec le roi Érechthée. Tous ces personnages surpassent en grandeur les faibles mortels. La marche de la procession est ouverte de part et d’autre par les gardiens des tribus et par six jeunes femmes portant des candélabres ; derrière elles marchent les vierges d’Athènes avec des vases, des patères de bronze doré et tous les instrumens de sacrifice ; l’artiste leur a donné des poses variées et les a groupées avec un art merveilleux. Aux deux angles de l’édifice suivent des personnages conduisant les taureaux et les béliers envoyés par tous les dêmes de l’Attique ; derrière eux, à droite et à gauche, s’avancent les métèques, étrangers reçus dans la cité et admis aux pompes religieuses ; leurs femmes portent des sièges destinés aux jeunes Athéniennes qui les précèdent ; les joueurs de flûte et de lyre répondent aux chants des vierges ou les accompagnent ; enfin des vieillards, portant des rameaux d’olivier, précèdent la marche des chars. Ceux-ci