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Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 23.djvu/401

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LA HONGRIE.




DEUXIEME PARTIE .[1]
SAINT ETIENNE ET JOSEPH II.




Ce qui frappe d’abord dans la Hongrie, c’est la prodigieuse variété des races d’hommes qui l’habitent. Aucun pays n’en renferme un aussi grand nombre ; dans aucun surtout, cette variété, cette diversité n’est aussi incessamment rappelée à l’esprit par tout ce qui vous entoure. Types de figures profondément dissemblables, costumes étranges, langues inconnues, religions séparées ou ennemies, mœurs radicalement contraires, tout vous ramène à cette première impression ; vous n’avez pas besoin d’ouvrir les livres pour comprendre que vous êtes au milieu d’une confédération de peuples divers plutôt qu’au sein d’une nation une et simple dans son origine, ou ramenée à l’unité par la vertu d’assimilation, qui est le propre d’un gouvernement puissant.

Ouvrez les yeux ; voici les Hongrois qui ont donné leur nom au pays qu’ils ont conquis. Venus au x* siècle de l’antique patrie des Scythes[2],

  1. Voyez, dans la livraison du 1er juin 1848, l’étude sur l’Ancien et le Nouveau palatin, qui ouvre cette série.
  2. L’origine des Hongrois a donné lieu, dans ces derniers temps, à une controverse active et passionnée même. Les Magyars veulent descendre d’Attila et des Huns ; la plupart des historiens allemands et des écrivains partisans de la Russie se sont efforcés de prouver, par des textes d’histoire et des affinités de langue très équivoques, que les Hongrois ont la même origine que les Finnois. Pierre-le-Grand, parlant au premier Rakoczj de l’origine des Hongrois, affirmait que c’était une tribu dépendante de la grande horde de Russie, qui avait conquis la Hongrie. Le savant Müller (Allgemeine Geschichte, 2 vol.) croit que les Hongrois ou Magyars venaient du sud de la Sibérie et des monts Ourals, avec les Petschenèques, leurs voisins. On peut consulter sur cette question, qui est presque devenue une question politique, un remarquable écrit de M. A. de Gérando (Essai historique sur l’Origine des Hongrois). L’auteur expose et discute sur ce point, avec une grande sagacité, les diverses opinions des historiens. Ses argumens paraissent concluans en faveur de l’opinion nationale, à laquelle nous nous sommes rangé.