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Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 23.djvu/874

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s’ouvrait-elle pour si peu ? Les fonds n’étaient-ils pas réservés à des destinations plus sacrées et plus urgentes ? Rien de mieux, puisqu’on était tout-puissant ! Mais au moins ne vous plaignez pas de n’avoir pu à aucun prix renouveler les bons du trésor, lorsque vous ne vous êtes pas même donné l’apparence de vouloir les rembourser.

On le voit donc, il importe peu si, parmi les ressources que possédait l’ancien gouvernement, quelques-unes sont taries aujourd’hui ; elles n’en existaient pas moins avant le 24 février, et seraient encore ce qu’elles étaient, aussi sûres que fécondes, si elles n’avaient pas changé de mains.

Maintenant que les faits sont éclaircis, et nous appelons sur ces faits toute espèce de contrôle et d’investigation, maintenant que le procès est instruit contradictoirement, nous demandons à tout homme de bonne foi de vouloir bien nous dire si, « au moment où la nation a proclamé la république, une catastrophe était visiblement inévitable[1], » si la France avait besoin que la monarchie disparût pour être « sauvée de la banqueroute. »

Voilà pourtant les paroles qu’on a osé proclamer en plein jour, à la tribune, en face de l’assemblée nationale !

Quel respect de la vérité ! le lecteur en est juge.

Quant à nous, notre tâche n’est qu’à moitié remplie. Nous avons montré sous toutes ses faces la situation du trésor. Vainement nous avons cherché, dans le cercle de l’année courante, un service qui pût être compromis, l’apparence d’un embarras, la possibilité d’une gêne ou d’un retard : nous n’avons rien trouvé. Partout les ressources au-dessus des besoins.

Notre première question est donc résolue : le danger immédiat n’était pas seulement improbable, il était impossible.

Reste à examiner ce qu’annonçait l’avenir.


II. — SITUATION DES BUDGETS.

« Le solde des découverts de 1840 à 1847 se trouvera, lors de la liquidation des comptes, à peu près balancé. »

De qui sont ces paroles ? Du ministre des finances de l’ancien gouvernement ? de quelque député de l’ancienne majorité ? Non : de

  1. Rapport du 8 mai.