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Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 23.djvu/881

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pas assez d’avoir montré, par preuves évidentes, que la situation du trésor et la situation des budgets étaient aussi peu alarmantes il y a six mois qu’elles le sont devenues depuis ; il faut encore avoir le cœur net de ce passé soi-disant ruineux, il faut voir s’il pèse d’un aussi grand poids qu’on nous le donne à croire dans les embarras du jour.

Interrogeons les chiffres, ils nous diront au juste ce que ces dix-sept années nous coûtent ; puis nous mettrons en regard ce qu’elles nous ont produit.


III. — BILAN DU GOUVERNEMENT DE JUILLET.

Jusqu’ici, nous n’avons trouvé aux prises avec le gouvernement déchu qu’une seule catégorie de ses adversaires, savoir, ses héritiers ; au point où nous en sommes maintenant, il lui survient un nouveau groupe de contradicteurs, ceux dont lui-même il avait hérité. Le voilà pris entre deux feux : les uns cherchant à prouver qu’ils lui ont remis les finances dans des conditions admirables ; les autres, qu’ils les ont reçues dans un déplorable état. A la séance du 2 août dernier, à peine M. Goudchaux avait-il prononcé son anathème sur les finances de la monarchie, que M. le marquis de Larochejaquelein l’interrompait par ces mots : «Dites de la monarchie de juillet ; la situation des finances, en 1830, était magnifique. » M. Goudchaux, qui doit avoir la mémoire des chiffres plus exercée que M. de Larochejaquelein, ne répondit ni oui ni non ; mais je n’oserais affirmer qu’il fût bien éloigné de donner en cette circonstance la main à son noble interrupteur, pourvu que la monarchie de juillet payât les frais de ce retour à d’anciennes alliances.

Quant à nous, dans cet examen de faits et de chiffres qui ne peut avoir d’autre mérite qu’une parfaite sincérité, nous ne tendrons la main à personne, pas même à la monarchie de juillet, si, par hasard, elle a ruiné la France. Que chacun réponde de ses œuvres : c’est, encore une fois, tout ce que nous demandons. Reste à savoir qui s’en trouvera mal.

Pour établir quelles sont les dettes dont le pays s’est grevé depuis 1830, le premier point est de bien constater quelles sont celles qu’il avait contractées jusque-là, et qui restaient encore à sa charge.

Voici donc quelle était, au 31 juillet 1830, la situation de la dette publique de la France. Nous comprenons sous ce mot dette publique, (ainsi que l’a fait M. Garnier-Pagès en évaluant, dans le rapport du 9 mars, la dette en 1848,) non-seulement la dette consolidée, mais les emprunts de 1821 et 1822 pour construction de canaux, les capitaux de cautionnement, et enfin la dette flottante.

Quant à la dette consolidée, il va sans dire qu’il ne faut pas y faire