Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 24.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

REVUE SCIENTIFIQUE.




LES MORTS APPARENTES. - LA PLANETE LEVERRIER.




Il y a eu depuis quelques mois comme un temps d’arrêt dans le mouvement scientifique. A défaut de questions nouvelles, l’attention des savans a été appelée principalement sur des questions restées depuis long-temps sans solution, et plusieurs de ces questions ont été reprises et éclairées par des explications décisives. C’est ainsi qu’une lumière inattendue vient d’être jetée sur un des plus graves problèmes de la physiologie. Il s’agit de la détermination des signes de la mort. L’histoire des travaux publiés sur cet important sujet nous ramène aux premiers temps de la médecine ; il suffira, pour faire mieux comprendre l’état actuel du débat, d’en résumer en quelques mots les antécédens.

L’idée des tortures auxquelles serait condamné un malheureux enfoui comme mort dans la terre, quoiqu’il fût encore vivant, a, dans l’antiquité comme de nos jours, effrayé l’imagination des hommes. Les historiens de tous les temps ont cité des exemples de ces déplorables erreurs. Et cependant le respect des anciens pour les morts était porté si haut, qu’il pouvait être regardé comme un véritable culte. Platon n’avait point oublié, au nombre des lois qu’il avait inscrites dans le code de sa République, tout ce qui était relatif aux soins que demandait l’ensevelissement. Ces principes, nécessaires à l’entretien de toute société civilisée, étaient puisés dans la nature ; aussi tous les législateurs les ont reconnus. Cicéron avait établi trois espèces d’équité, la première envers les dieux, la seconde envers les morts, et la troisième relative aux hommes.

Toutefois ce respect des anciens pour les morts ne se traduisit guère, on le voit, qu’en pratiques superstitieuses. Il faut traverser plusieurs siècles pour trouver quelques documens sérieux sur les signes certains de la mort. L’opinion si ancienne que l’on pouvait enterrer vivantes des personnes dont la vie n’était pas encore éteinte avait régné sans contrôle pendant tout le moyen-âge et recevait