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Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 24.djvu/40

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En 1827, Léopold exposa des Pèlerins reçus à la porte d’un couvent, des Filles d’Ischia au rendez-vous, l’Ermite de Saint-Nicolas recevant des fruits des mains d’une jeune fille, et une Pèlerine pleurant sur son enfant mourant. Dans une lettre adressée de Rome à M. Marcotte, le 15 janvier 1826, Léopold décrit ainsi ces deux derniers tableaux destinés à cet amateur : « Je profite avec empressement de la permission que vous me donnez pour satisfaire l’envie que vous me témoignez de connaître les sujets des tableaux que j’ai l’honneur d’exécuter pour vous, bien que j’éprouve assez de difficulté à exprimer avec la plume des scènes qui sont plutôt des motifs saisis sur la nature, et qui se sentent mieux qu’ils ne peuvent se décrire. Dans le premier tableau, j’ai représenté une femme des montagnes voisines du lac Fucino, qui, dans le pèlerinage qu’elle fait à Rome avec son jeune enfant, est forcée de s’arrêter pour une maladie grave, ce qui arrive fréquemment aux malheureux habitans de la campagne. Son enfant a pris un accès de fièvre pernicieuse ; elle est au moment de le perdre, et j’ai cherché à exprimer l’effet de la tendresse maternelle dans un moment aussi pénible. Le site où elle se trouve, sans être tout-à-fait portrait, est un motif qui m’a été inspiré dans les montagnes de Subiaco. L’autre sujet, qui est ébauché, m’a été fourni dans mon dernier voyage de Naples. C’est au sommet de la montagne la plus élevée qui se trouve dans l’île d’Ischia que j’ai vu un ermite recevant d’une jeune fille des fruits qu’elle lui avait apportés. Je vais l’exécuter tout de suite. »

Le petit tableau de la Pèlerine est un des plus fortement expressifs que Robert ait peints. Il n’est pas jusqu’à l’austérité du paysage qui n’ajoute à la tristesse pénétrante de la scène. Quant à l’Ermite du Mont Epomeo, il offre tout le charme que comportait le sujet, et servit de transition à la peinture d’Une jeune Fille de Procida donnant à boire à un Pêcheur, l’une des productions les plus heureuses de Léopold, et par laquelle il ouvrit l’année 1827. La jeune fille, un vase d’eau sur la tête, pose un genou en terre pour mettre le vase à la portée des lèvres altérées du pêcheur. La pantomime des deux figures est pleine de justesse, et, à la grace digne et simple de la femme, on ne peut se défendre du souvenir des compositions antiques.


VII

A peu près à la même époque, Robert avait conçu le projet de personnifier les quatre saisons en quatre tableaux. Le Retour de la fête de la Madone de l’Arc, qui a lieu à Naples au printemps, devait ouvrir la série. Les Moissons dans les marais Pontins devaient représenter l’été. L’automne aurait été symbolisé par les Vendanges en Toscane, et l’hiver par le Carnaval de Venise. Le Retour de la fête de la Madone de l’Arc parut