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Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 24.djvu/81

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du royaume, le roi répondit qu’il ne s’opposait pas à une alliance plus étroite du Holstein avec l’Allemagne, occupée à se donner une nouvelle organisation, mais que, dans le cas où cette alliance s’accomplirait, le Schleswig, province danoise, ne pourrait plus rester uni au Holstein. Le roi déclarait, en effet, qu’il n’avait ni le droit, ni le pouvoir, ni la volonté de faire entrer dans la confédération le Schleswig, lequel n’a jamais été en rapport ni avec l’Allemagne, ni avec l’empire, ni avec la diète. En présence du mouvement unitaire de l’Allemagne, le Danemark abandonnait ainsi, quant au Holstein, sa première pensée d’une loi uniforme pour la monarchie entière ; mais il persistait plus que jamais dans son idée si légitime de maintenir l’assimilation politique du Schleswig au Jutland et aux îles.

La présence des députés du parti germanique à Copenhague coïncidait avec le mouvement libéral qui modifiait le ministère danois au profit des idées démocratiques. Les ministres qui arrivaient au pouvoir par cette voie honorable et heureuse, connus pour leur patriotisme comme pour leurs doctrines constitutionnelles, apportaient avec eux la résolution bien formelle de ne point transiger sur la question de Schleswig, lors même que quelques concessions deviendraient nécessaires pour le Holstein. L’insurrection était toutefois si bien préparée, que les chefs désignés du mouvement projeté n’avaient pas attendu la réponse du roi à la mission envoyée à Copenhague, ni la nouvelle de l’avènement du ministère libéral. A peine avaient-ils appris la retraite de l’ancien ministère, sur la faiblesse et l’inertie duquel ils avaient compté, qu’ils arboraient leur drapeau et se déclaraient en révolte ouverte.

Le frère du duc d’Augustembourg, le prince Frédéric de Noër, lieutenant-général, mis en retraite pour cause de connivence avec le parti germanique, se rendit lui-même (24 mars) à Kiel, en Holstein, où les jeunes gens de l’université et du club gymnastique s’organisaient en corps francs, et où la garnison était allemande. Le commandant de la ville et plusieurs officiers refusèrent de prendre part à l’insurrection ; mais la troupe se laissa entraîner, et un gouvernement provisoire, formé de cinq membres, parmi lesquels figurait le prince de Noër, s’installa à la suite de ce premier succès remporté sans résistance. Le prince, qui comptait sous ses ordres à peu près douze cents fusils, prit le chemin de fer de Kiel à Altona, du nord-est au sud-ouest, mais il s’arrêta à Neumünster, au centre du Holstein, pour se replier de là, par un embranchement, vers Rendsbourg, à l’entrée du Schleswig méridional, sur l’Eider. Il se présenta dans cette place à la garnison, dont il prit le commandement, sans que les officiers déconcertés eussent le temps d’essayer leur influence sur les troupes entraînées à la rébellion.

Il est vrai, d’ailleurs, que les chefs de l’insurrection ne manquaient ni