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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 5.djvu/1074

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au pillage. Des soldats venus sans armes du camp d’Astigarra, distant d’environ une lieue, se joignirent à leurs compagnons. Les mulets qui suivaient l’armée servirent à enlever le butin, et les employés des brigades alliées aidèrent eux-mêmes à les charger. Les équipages de vaisseaux anglais mouillés au port des Passages eurent leur part, comme l’armée de terre. Vingt-quatre jours après l’assaut, Anglais et Portugais fouillaient encore les cendres de Saint-Sébastien pour y découvrir quelque objet de la plus mince valeur, et, pendant ce long intervalle de temps, pas un effort ne fut tenté pour réprimer ces excès, pas un officier ne chercha à arrêter les soldats. Bien plus, les objets volés, quelle que fût leur nature[1], étaient étalés et mis publiquement en vente au quartier-général de l’armée alliée. En présence de ces faits, attestés par une population entière, il est impossible de douter de la connivence des officiers, il est impossible de ne pas faire remonter jusqu’à eux, et surtout jusqu’au général Graham, la responsabilité de ces effroyables événemens[2] .

L’incendie et le sac de Saint-Sébastien laissaient plus de quinze cents familles sans asile sans pain presque sans vêtemens Quatre mois après, le tiers de cette population avait péri de misère et de faim[3]. Les autorités civiles, retirées à Zubieta, après avoir fait constater les faits par une enquête solennelle[4], demandèrent des secours temporaires et une indemnité qui leur permît de relever leurs habitations ; mais en vain s’adressèrent-elles à Wellington, à la régence d’Espagne ou congrès national : l’un et l’autre leur fut refusé. Alors elles publièrent le manifeste et les correspondances d’où nous avons tiré ces détails. Elles en appelèrent à l’Europe entière pour flétrir la conduite des alliés, et ouvrirent une souscription publique dont le montant devait servir à

  1. Au milieu du butin, mis en quelque sorte à l’encan, on remarqua les vases sacré de l’église de Sainte-Marie et le saint ciboire de l’église de Saint-Vincent, rempli d’hosties consacrées.
  2. « Rapacidad que… y que a los 24 dias despues del asalto se exercia en materias poco apreciables. »
    « No solo saqueaban las tropes que entraron por asalto, no solo las que sen fusiles vinieron del campamento de Astigarraga distante une lega, sino que los empleados en las brigades acadian con sus mulos a cargar los de efectos, y aun tripulaciones de transportes ingleses, surtos en el puerto de Pasages, tuvieron parte en la rapiñe, durando este desorden varios dias despues del asalto sin que se hubiese visto ninguna Providencia para impedirlo, ni para contener a los soldados… lo que al paracer comprueva que estos excesos les autorizaban los gefes, siendo tambien de notarse que los efectos robados o saqueados dentro de la ciudad y a las abanzadas, se vendian poniendolas de manifesto a publico a la vista et inmediaciones del mismo quartel general del exercito sitiador por Ingleses y Portugeses. » (Manifesto.)
  3. « … Y en fin la muerte, causada por la hambre y la desnudez, de la tercera parte de los que pudieron salvarse de entre las manos de las fieras Anglo-Lusitanas. » (Suplemento, pièce n° 10.)
  4. Suplemento, pièce n° 10.