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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 5.djvu/467

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dans leur patrie un régime assez semblable à celui qui venait d’être inauguré à Paris. L’analogie évidente des principes et des intérêts contribua, dans le premier temps, à assurer entre les deux pays un accord qui leur était également profitable à tous deux. En effet, l’amitié de la Suisse garantissait à la France la sûreté d’une portion importante de son territoire, et maintenait entre elle et ses anciens adversaires ce puissant rempart que M. Guizot appelait à la tribune un rocher de glace et de braves gens. De son côté, la Suisse devait à l’appui bienveillant de la France d’avoir pu, malgré le mauvais vouloir des autres grandes puissances continentales, non-seulement réformer paisiblement, en 1830 et 1831, la plupart de ses institutions cantonales, mais encore préparer sans obstacle, en 1832 et 1833, la révision régulière du pacte fédéral. Malheureusement le parti modéré réformateur et gouvernemental, qui avait pris en Suisse la direction du mouvement libéral, qui d’abord avait fait preuve d’impartialité et de vigueur en employant tour à tour les troupes de la confédération à rétablir la paix compromise à Bâle par les radicaux, dans le canton de Schwitz par les partisans de la ligue de Sarnen, n’eut pas partout la force ou la volonté de résister énergiquement à l’envahissement des démagogues. Dans quelques cantons, les représentans les plus éminens des opinions modérées, abandonnés par le plus grand nombre, furent obligée de quitter la direction des affaires. Dans d’autres, ils transigèrent, retenant encore l’apparence du pouvoir, mais à la condition de l’exercer au profit de ceux qui consentaient à le laisser pour quelque temps entre leurs mains. Ailleurs enfin, les autorités locales se flattèrent qu’elles pourraient éviter toute réforme dans leurs constitutions cantonales et demeurer impunément chez elles conservatrices et presque oligarchiques, si elles se montraient ultra-libérales dans les affaires de la diète, et si elles faisaient chorus avec les radicaux les plus exaltés dans tout ce qui regardait les affaires extérieures de la Suisse. On