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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 5.djvu/887

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Près de ce tombeau, et l’entourant comme au jour du combat, se trouvaient les tombes de quatre officiels du même régiment tués à la même affaire ;

Le mauvais temps m’a bientôt forcé à rentrer ; il dure ainsi depuis plusieurs jours et nous donne les plus vives inquiétudes pour notre troupeau ; les cloisons des maisons sont abattues, afin de préparer un abri pour le bétail ; ces démolitions nous font découvrir un trésor, du sel mêlé par couches égales à la maçonnerie d’un four arabe. Précieusement recueilli, le sel est porté au magasin militaire, et nos soldats se livrent à de nouvelles recherches.

Deux zouaves indigènes, libérables au mois de janvier, se sont offerts pour aller à Blidah porter de nos nouvelles à M. le maréchal ; s’ils accomplissent leur mission, ils auront leur congé en arrivant ; la proposition est acceptée, et le lieutenant-colonel les fait partir à l’entrée de la nuit. Que Dieu, garde ces deux braves garçons ! ils portent une lettre pour ma mère ; puissent-ils franchir heureusement tous les dangers ! Elle sera si heureuse de recevoir un mot, une nouvelle. Nous les quittons comme l’on quitte des gens qui se dévouent ; ils sont pourtant pleins de confiance et se voient déjà arrivés.

Depuis notre arrivée à Médéah, nos journées se sont passées à organiser le campement ; il n’y a eu aux avant-postes que quelques tirailleries insignifiantes avec des maraudeurs arabes. Le 13, pourtant, nous avons cru à une affaire générale ; les hauteurs se sont couvertes de Kabyles, conduits au combat par des cavaliers. Le plus grand nombre s’était porté à l’est du côté de la ferme du bey : la garnison a pris les armes, l’engagement a été assez vif, et nous a coûté plusieurs blessés ; mais par une poursuite de quinze cents mètres, les zouaves ont bien prouvé qu’ils ne se laisseraient pas insulter impunément.

La vie a repris sa monotonie après cet épisode, nous sommes rentrés dans les soucis du ménage, et ce matin l’on était occupé à faire de l’huile avec des pieds de bœufs ; on les fait bouillir tout simplement dans l’eau, et l’on écume la matière grasse qui monte à la surface. Clarifiée, cette huile pourrait servir pour les alimens ; dans cet état, elle est destinée à l’entretien des armes. Nous avons aussi fabriqué, du plomb de chasse, qui nous manquait. Le procédé est très simple : il consiste à établir un petit cadre renfermant une carte à jouer ordinaire ; celle-ci est percée de trous, huilée des deux côtés, et saupoudrée d’hydrochlorate d’ammoniaque ; ainsi préparée, elle reçoit le plomb fondu, qui tombe en globules dans un vase plein d’eau. Le vase est placé à quatre ou cinq pouces au plus au-dessous ; du cadre. En versant le plomb, on frappe sur le cadre de manière à lui donner un mouvement d’oscillation aussi régulier que possible : on passe ensuite le plomb par divers cribles de différentes grosseurs ; mais le degré de