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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 8.djvu/1137

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 décembre 1850.

L’histoire parlementaire de cette quinzaine nous offre plusieurs épisodes assez intéressans à divers titres, pour qu’il soit aujourd’hui très à propos d’en reproduire ici l’exact résumé. L’assemblée poursuit ses travaux avec une application, avec un calme dont nous ne saurions trop nous féliciter. Le pouvoir législatif n’a pas été plus épargné qu’aucun autre pouvoir public par l’esprit de dénigrement qui règne en ce temps-ci : cette bonne et sérieuse tenue du parlement est la meilleure réponse à tous les griefs que certains faiseurs de paradoxes pédantesques ont essayé de soulever dans l’opinion contre l’usage du régime représentatif.

Trop souvent, en effet, nous avons eu l’ennuyeux déplaisir de voir ces grands génies de mauvais aloi, qui sont si adroits à trouver leur place dans la confusion générale des idées, nous prêcher le mépris des gouvernemens de discussion, pour nous ramener à la paix bienheureuse des gouvernemens muets. C’est devenu la mode de s’inscrire en faux contre les mérites des institutions libres et de gémir sur l’inanité des bavardages de tribune ; c’est devenu signe de profondeur ou d’érudition. De bonnes gens qui ne visent pourtant ni à l’une ni à l’autre ont fini par répéter comme de leur crû ce qu’ils lisaient tous les jours, et de cette école de prétendus penseurs est née l’espèce assez vulgaire du bourgeois absolutiste. Ajoutons, pour tout dire, qu’il y a là quelque chose de cette singulière passion qu’on ressent naturellement en France contre ce qui est l’autorité. « Notre ennemi, c’est notre maître. » La constitution ayant fait du pouvoir législatif le premier de l’état, c’est à lui qu’on s’en prend aujourd’hui, comme c’était autrefois à l’exécutif, et l’on pourrait presque parier qu’entre ceux qui blâment l’assemblée nationale de vouloir trop gouverner, il en est plus d’un qui ne pardonnait pas au roi de ne point assez s’en tenir à l’honneur de régner.