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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 8.djvu/143

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Tous les détails relatifs à l’exécution de cette œuvre immense, tous les faits qui constatent l’intervention active et incessante du roi, sont consignés dans une collection de trois cent quatre-vingt-dix-huit procès-verbaux des visites royales ; M. Nepveu, l’habile architecte du palais, les adressait régulièrement au directeur des bâtimens de la couronne. Dans les premiers mois de 1833, le roi avait fait à Versailles trois courses préliminaires ; mais la première visite vraiment sérieuse, celle qui eut pour but de donner aux travaux une direction précise, remonte au 2 décembre de la même année : la dernière (c’était la trois cent quatre-vingt-dix-huitième) eut lieu le 10 décembre 1847. On peut donc dire que, pour l’unique satisfaction de léguer à l’état cet immense musée, Louis-Philippe a consacré presque une année entière de son règne à ordonner et à suivre pied à pied tous les travaux de restauration du palais de Versailles. L’état a recueilli ce legs en 1848, et, puisqu’il s’est chargé de l’apurement des comptes du roi, l’état sait aujourd’hui ce qu’a coûté à Louis-Philippe l’usufruit du palais de Versailles et de ses dépendances[1].

Comme le public ne saurait être trop tôt fixé sur ces questions d’histoire contemporaine, nous dirons tout de suite que les sommes dépensées par le roi pour la création qu’il avait tant à cœur s’élèvent en bloc à 23,494,000 francs[2].

Le roi ne croyait cependant pas avoir assez fait encore. De nouveaux plans avaient été dressés par son ordre pour compléter l’œuvre dans un sens conforme au caractère particulier de son règne. La gloire militaire, les victoires des armées françaises sur terre et sur mer, occupaient la totalité des salles et des galeries du palais successivement ouvertes au public. Le roi voulut que des galeries nouvelles fussent consacrées à la gloire politique et aux vertus civiles. Déjà l’emplacement de ce musée nouveau était désigné dans la partie du palais qui s’étend parallèlement à la grande aile du midi, sur l’un des côtés de

  1. Les deux Trianons sont compris dans les dépendances du palais de Versailles.
  2. Le tableau suivant en fait connaître le détail :
    Entretien des bâtimens et du système des eaux et grosses réparations indispensables 2,640,000 fr.
    Travaux neufs et extraordinaires 12,419,000 15,059,000 fr.
    Commandes, acquisitions et restaurations de peinture et de sculpture 6,625,000
    Acquisition et restauration de mobilier 1,810,000
    Total 23,494,000 fr.


    Ce tableau ne comprend ni les frais de garde et de surveillance journalière du musée, du palais et de ses dépendances, ni les dépenses des potagers, orangeries, pépinières, parcs et jardins, dont l’ensemble s’est encore élevé, pendant dix-sept années et demie, à plusieurs millions.