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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 8.djvu/148

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poursuivi le roi dans les dix dernières années de son règne. Ces accusations peuvent se résumer ainsi : le mode de jouissance auquel étaient soumis les cent trois mille six cent quarante-quatre hectares composant les forêts domaniales enrichissait illégalement la couronne d’un revenu fort supérieur à celui qu’ils auraient dû produire. Le ministère des finances procède déjà depuis long-temps à une grande enquête sur cette grave question. Une commission, composée de notabilités de l’assemblée législative, du conseil d’état et de l’administration des finances, se livre, sous la présidence d’un magistrat éminent, à l’examen de ce mode de jouissance et de ses résultats. Attendons avec confiance : le triomphe de la vérité et la confusion des calomniateurs n’en seront que plus éclatans et plus complets. Pour ceux toutefois qui se laissent étourdir par de violentes clameurs, pour ceux qui ont pu croire de bonne foi que le roi Louis-Philippe avait tiré des forêts de la couronne un revenu abusif, nous consignons ici un fait bien simple : de 1831 à 1847, le revenu des forêts de la couronne a été inférieur de plus de 8 pour 100 au revenu des forêts de l’état, en comparant entre elles les forêts situées dans les mêmes départemens et en partant de bases identiques. En 1849, après la réunion du domaine royal à celui de l’état, les anciennes forêts de la couronne ont, au contraire, rapporté un peu plus que les anciennes forêts de l’état. La conclusion à tirer de ce double fait est assurément claire et décisive.

Les forêts de la couronne ont d’ailleurs reçu de Louis-Philippe des améliorations considérables ; nous indiquerons les plus importantes en les résumant ensuite par le chiffre total qui les représente. Un des premiers soins du roi, en 1832, fut d’interdire les coupes annuelles qui détruisaient périodiquement l’ombre déjà trop rare dans les bois de Boulogne et de Vincennes. Cette interdiction fut absolue dans la première de ces deux promenades et partielle seulement dans la seconde. Le roi avait coutume d’appeler ces deux forêts les parcs de Paris, et il voulut qu’elles fussent soignées et traitées comme les parcs royaux. À Boulogne surtout, l’aménagement ne consista plus qu’en quelques éclaircies destinées à favoriser la croissance des taillis en futaie. Grace à ces dispositions arrêtées par le roi en personne, le bois de Boulogne donnait chaque année 12,000 fr, de produit en regard d’une dépense de 31,000 fr.

Dans l’ensemble des forêts, de 1831 à 1848, le roi a fait planter ou semer 8,800 hectares, receper et repiquer 1,350 hectares des anciens tirés des chasses. C’était donc comme une forêt nouvelle de plus de dix mille hectares que le roi faisait sortir du sol pour en doter, à l’aide de sacrifices actuels, l’avenir du domaine de la couronne. C’était plus de quatorze fois le bois de Boulogne, plus de deux fois et demi les bois de Senart, de Vincennes et de Boulogne réunis ; c’était une fois et