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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 8.djvu/28

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gouvernement de Zurich avait pris des mesures contre les associations d’ouvriers allemands, et avait publié un rapport qui les avait momentanément désorganisées. Deux années plus tard, le gouvernement de Neuchâtel avait fait de même. Depuis 1847, ces sociétés s’étaient organisées de nouveau sous des formes en apparence innocentes, en ce qu’elles prétendaient ne travailler qu’à développer intellectuellement la classe ouvrière au moyen du chant, de l’enseignement de l’écriture, du calcul, etc. ; mais à peine la révolution eut-elle éclaté en Allemagne, que, sur l’invitation du comité central des démocrates allemands à Berlin, ces associations prirent de nouveau le caractère de clubs politiques, dans l’intention de coopérer activement à la révolution et d’organiser les forces allemandes qui se trouvaient en Suisse. Les dissidences qui avaient autrefois existé entre la fraction communiste et la fraction républicaine s’étaient presque entièrement effacées. Les délégués de la plupart des associations, réunis à la fin de 1848 à Berne, arrêtèrent des statuts dont quelques-uns sont bons à connaître : « Le but de l’association est de faire de ses membres des républicains socialistes-démocrates, comme aussi de propager par tous les moyens légitimes, parmi les Allemands, les idées et les institutions républicaines socialistes démocratiques, et de travailler à leur réalisation ; c’est pour y parvenir que l’association se rallie aux comités cantonaux démocratiques et aux associations d’ouvriers en Allemagne, afin de réunir ses forces aux leurs autant que le permet sa position à l’étranger. Chaque membre de l’association devra payer un batz (15 centimes) par mois. Le comité cantonal dirige les affaires. Il y aura annuellement une session ordinaire où se rendront en congrès les autorités supérieures législatives de l’association. La commission est l’intermédiaire entre les comités principaux de l’Allemagne et les associations affiliées en Suisse ; elle administre la caisse et les archives. Les associations affiliées lui envoient tous les mois un rapport et le contingent d’argent. » Quant aux principes proclamés par l’association, ils ressortent en particulier d’un projet d’instruction pour les délégués au parlement des ouvriers à Berlin. Les fonctionnaires publics ne recevront pas un traitement plus élevé que le salaire moyen d’un ouvrier ; ils seront tous également rétribués, il en sera de même des ouvriers. Les biens-fonds seront la propriété de l’état, qui se charge gratuitement de l’instruction de la jeunesse. Il est défendu de donner un enseignement religieux dans les écoles. Toutes les dépenses publiques seront couvertes par un impôt sur les successions. Tout le commerce doit relever de l’état ; toutefois l’état ne pourra en faire une spéculation