Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 8.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a été, déduction faite de l’intérêt des rentes qu’elle possède, d’environ 13 millions et demi de francs, au taux de 5 pour cent qui a réglé pendant cette année seulement, la prime des avances et de l’escompte. Un revenu brut de 13 millions et demi supposait une circulation moyenne de 270 millions. La circulation moyenne n’a été cependant que de 247 millions dans cette période, parce que la Banque a fait en espèces une partie de ses escomptes. Il n’est pas à présumer que la république sociale approvisionne sa banque de numéraire, ni que les capitalistes, s’il en existe encore, s’empressent d’y déposer des espèces métalliques. J’admets donc que la banque socialiste ne prêtera sur effets de commerce ou sur rentes que ses propres billets. Cela étant, un bénéfice de 215 millions suppose, si la Banque prête à cinq pour cent, une circulation moyenne de 4,320,000,000 francs ; si la banque prête à quatre pour cent, une circulation moyenne de 5,335,000,000 francs ; si la banque prête à trois pour 100, une circulation moyenne de 7,235,000,000 francs, et si la banque prête à deux et demi pour 100 une circulation moyenne de 8,640,000,000 francs.

Maintenant il faut reconnaître que les socialistes, après avoir fait reposer tout leur système sur la nécessité de donner au peuple, sinon gratuitement, du moins à bon marché, les instrumens du travail, ne peuvent pas élever au-dessus de 3 pour 100 la prime de l’escompte, À ce taux, la banque nationale de M. Pelletier, pour réaliser 215 millions de recette, devrait donc porter ses émissions à plus de 7 milliards de francs, et cela sans préjudice du papier que la banque devrait émettre pour le service de l’état. Nous voilà donc en plein régime de papier-monnaie ; le papier-monnaie est, comme on le voit, le dernier mot et l’inévitable conséquence du système.

En vain M. Pelletier consentirait-il à réduire de moitié les opérations et les bénéfices de la banque qui doit devenir le principal engin du gouvernement. Une émission moyenne de 4 milliards représenterait encore huit fois la circulation actuelle de la Banque de France. 500 millions en billets au porteur suffisent aujourd’hui aux besoins du commerce. Supposez une expansion des affaires sans exemple, qui aille jusqu’au double des transactions de l’année 1850, et que défraierait largement une circulation d’un milliard. Si vous étendez les émissions à 4 milliards, vous réduisez la valeur des billets de banque au quart de ce qu’elle serait naturellement, vous dépréciez tous les contrats et tentes les valeurs de 75 pour 100, vous proclamez la banqueroute, et vous consommez la ruine universelle.

Est-ce là une fiction du raisonnement ? Que l’on consulte l’histoire. En 1797, la banque d’Angleterre suspendit ses paiemens en espèces ; elle avait alors une circulation de 10 millions sterling, égaie par conséquent à celle de la flanque de France en 1847. En 1810, les émissions