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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 8.djvu/377

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forces fédérales dans le Nouveau-Mexique, et lui refusait toute autorité civile. En vain le colonel Monroe réclamait-il la suprême autorité comme administrateur nommé par le président, dans une province conquise, on lui objectait avec raison qu’il avait renoncé à exercer ce pouvoir le jour où il avait laissé le Nouveau-Mexique s’organiser en une communauté politique indépendante. Le colonel se trouvait donc dans cette situation singulière ou de laisser les troupes du Texas pénétrer dans le Nouveau-Mexique et de négliger ainsi la mission qui lui avait été confiée par le gouvernement central, ou bien de prendre la défense d’un gouvernement improvisé qui lui refusait tout pouvoir. Aussi écrivait-il lettre sur lettre à Washington, suppliant qu’on lui envoyât des instructions, et surtout qu’on prévint une collision qui paraissait inévitable.

Les deux chambres du Texas avaient nommé une commission mixte pour examiner les propositions du gouverneur, et cette commission les avait adoptées à l’unanimité. Les chambres paraissaient même disposées à dépasser de beaucoup l’entraînement belliqueux dont le gouverneur du Texas avait donné l’exemple dans son message. La proclamation rédigée par la commission mixte et votée sans débat par les chambres pouvait être considérée comme une véritable déclaration de guerre au gouvernement fédéral. L’indemnité de 10 millions votée par le sénat était déclarée nue compensation dérisoire pour un territoire dont la propriété appartenait incontestablement au Texas ; le gouverneur était invité à prendre d’urgence toutes les mesures nécessaires pour réduire le Nouveau-Mexique à l’obéissance et à ne rien épargner pour défendre envers et contre tous les justes droits de l’état. Les journaux, loin de tempérer l’ardeur de la législature et de prêcher, comme ceux du nord, la conciliation, fulminaient chaque matin de violentes philippiques contre le gouvernement fédéral et contre le congrès. Le journal qui passait pour recevoir les confidences des membres les plus influens des deux chambres texiennes se distinguait par la virulence et l’audace de sa polémique. Il prédisait que le Texas ne demeurerait pas isolé dans la lutte qui s’engagerait, et que toute tentative pour porter atteinte à ses droits aboutirait à déchirer l’Union, parce que les autres états du sud demeureraient fidèles aux engagemens pris à Nashville. C’était une allusion transparente à une réunion tenue au commencement de l’été, et à laquelle avaient assisté tous les hommes influens du sud : quelques mesures et une ligne de conduite commune avaient été arrêtées à Nashville dans l’intérêt de tous les états à esclaves, et le bruit commençait à s’accréditer qu’un pacte secret obligeait tous les états à esclaves à prendre fait et cause pour le Texas, et à le soutenir dans sa résistance à l’autorité fédérale. Il est incontestable que des promesses avaient été faites au Texas ; mais de simples paroles prononcées par des particuliers sans mission étaient loin d’équivaloir à un engagement formel, et il était fort douteux que les législatures des états du sud, en présence d’une transaction votée par le congrès et à laquelle leurs représentans avaient pris part, se laissassent aller à soutenir ouvertement le Texas dans une lutte contre l’Union tout entière. Aussi les démarches faites par les autorités texiennes auprès des gouverneurs de la Virginie, de la Georgie, du Kentucky, du Tennessee, n’eurent-elles point de résultat ; l’Arkansas, le Mississipi, la Floride, peut-être l’Alabama, étaient à peu près les seuls états