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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 8.djvu/380

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Je tiens à éclaircir ce qu’il dit sur mon père, et à expliquer les rapports que j’ai eus avec le gouvernement de juillet.

En 1845, j’ai obtenu la permission de faire un voyage à Paris, où des affaires particulières m’appelaient. Au bout de trois mois, je reçus de M. Duchâtel l’injonction de partir dans un délai de huit jours. Par l’intervention bienveillante de M. l’amiral de Mackau, alors ministre de la marine, et qui a servi sous les ordres de mon père, j’obtins de rester quelques jours de plus.

Pendant mon séjour, je demandai l’autorisation d’aller à Ham voir mon cousin, le président de la république. Cette permission me fut refusée.

En 1846, je fis des démarches pour que mon frère, atteint d’une maladie grave, pût se rendre aux eaux des Pyrénées, que le docteur Lallemand lui ordonnait. Le gouvernement ne voulut pas abaisser les barrières de l’exil devant un malade ! Quelques mois après, mon frère mourait en Italie.

Au mois d’avril 1847, mon père adressa une pétition aux chambres, pour demander que son exil cessât, désirant mourir en France, au milieu de ses anciens frères d’armes. Sa pétition, soutenue par M. Odilon Barrot, au nom de l’opposition, à la chambre des députés, et par M. Victor Hugo à la chambre des pairs, fut renvoyée aux ministres.

Après cette manifestation, le gouvernement nous autorisa, mon père et moi, à résider momentanément en France ; nous y étions sans protection légale et à la disposition de M. le ministre de l’intérieur. Le gouvernement de 1830 s’est toujours refusé à proposer une loi pour faire cesser notre proscription !

Il se montra moins sévère pour nos réclamations contre l’état.

En 1815, mon père perdit sa fortune. On lui confisqua même un héritage fort peu considérable qu’il avait fait d’une de ses sœurs. Ces mesures de confiscation furent condamnées par tous les avocats distingués de l’époque, qui nous donnèrent des consultations favorables.

M. Casimir Périer, en 1831, reconnaissant l’injustice commise, s’était montré disposé à la réparer. Depuis cette époque, toute réclamation fut inutile. Les tribunaux se déclarèrent incompétens, renvoyant mon père au pouvoir politique. Une loi allait enfin être préparée par le gouvernement, quand la révolution de février arriva Rien n’était décidé pour les conditions ni pour le montant de la somme ; le principe seul d’une rente était admis. Cette rente devait être votée pour mon père par les représentans légaux du pays, comme une faible indemnité de droits incontestables et de spoliations faites par la restauration. Il avait fallu dix-huit années de démarches pour obtenir cette réparation !

Je ne vois rien dans tout cela qui ressemble, d’une façon quelconque, à une munificence de la part du roi. C’était une affaire comme il s’en traite journellement entre l’état et un particulier, sur laquelle les chambres auraient prononcé. Il est vrai qu’au lieu de se montrer hostile, comme il l’avait été jusqu’alors, le ministère de 1848 se montrait favorable. Voilà toute la vérité dans sa plus scrupuleuse exactitude.

Quant à la conduite des Bonaparte vis-à-vis des d’Orléans, voici de l’histoire :

En 1815, l’empereur accorde de sa propre volonté une pension de 400 000 fr. à la mère de Louis-Philippe.

En 1850, la république française, sous la présidence de Louis-Napoléon,