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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 8.djvu/419

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LORD BYRON


ET


LA SOCIETE ANGLAISE.




I. - DE LA POPULARITE DE LORD BYRON DE SON VIVANT. - CAUSES LITTERAIRES ET MORALES.




Le nouveau ou l’ancien redevenu nouveau, voilà la première cause de la fortune des livres. Ce ne fût pas le moindre des attraits de lord Byron. Il est vrai que le nouveau dans ses poésies, c’était la poésie elle-même. Depuis Pope et Dryden, l’Angleterre avait eu plus d’un habile écrivain en vers, elle n’avait pas eu un grand poète. L’histoire de la poésie anglaise offre une succession de poèmes descriptifs ou didactiques qui s’adressent uniquement à la raison, à la haute quelquefois, plus souvent à la raison de ménage. La sensibilité y est plutôt un ton que prend le poète où il convient que le cœur sérieusement remué par la tristesse des choses humaines. Ces poètes considéraient comme poétique tout ce qui est naturel, et comme naturel tout ce qui passait pour l’être de leur temps. Leurs descriptions, faites sur un patron convenu plutôt que d’original, ne représentent qu’une nature de cabinet. Le rustique y sent plus l’huile que l’odeur des champs. Depuis la Forêt de Windsor de Pope, tout ruisseau avait sa naïade et tout arbre son hamadryade, et, entre autres impressions de froid que vous causent ces poésies, on grelotte pour ces pauvres nymphes transplantées de la Grèce, — où, par leur privilège de déesses comme par