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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 8.djvu/534

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Un souvenir touchant, que la reine Marie-Amélie me pardonnera de révéler, doit trouver sa place ici, en associant deux noms que la mort seule pouvait séparer. J’attendais un jour la reine dans le salon qui précédait son cabinet ; son secrétaire des commandemens s’y trouvait, feuilletant quelques papiers dont l’un attira mon attention. C’était un cahier contenant un grand nombre de noms disposés suivant l’ordre alphabétique. Je fis une question indiscrète, à laquelle le secrétaire des commandemens répondit : « Puisque vous m’avez surpris, lisez ; mais, je vous en supplie, n’en dites rien à la reine. » Je tenais entre mes mains la liste de plus de trois cents enfans que le roi et la reine faisaient élever dans les collèges et dans les écoles de Paris.

Pour traduire les faits en chiffres, Louis-Philippe a consacré, durant le cours de son règne, à des actes de munificence plus de 21,200,000 fr. et aux secours de charité proprement dite, plus de 21,650,000 ; total 42,850,000[1].

Bâtimens, forêts, domaines, musées, manufactures, mobilier, bibliothèques, j’ai successivement parcouru toutes les parties dont se composait la dotation de la couronne ; j’ai fouillé les secrets de la charité

  1. Je dois faire remarquer que j’ai compris dans la première somme de ce tableau les 10 millions donnés par le roi à M. Laffitte en échange de la forêt de Breteuil. J’appelle d’ailleurs l’attention du lecteur sur l’observation suivante : aucun des chiffres de cet exposé ne s’applique aux dépenses de même nature faites par M. le duc ou par Mme la duchesse d’Orléans sur la dotation allouée au prince royal ou sur le douaire. Ces dotations spéciales étaient administrées en dehors de la liste civile. Je n’ai donc pu les faire entrer en ligne de compte. Mes chiffres eussent été bien autrement élevés, s’ils avaient dû se grossir de toutes les libéralités du prince que la France a pleuré, de la princesse que tous les partis honorent et respectent.