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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 8.djvu/717

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LES RECITS


DE


LA MUSE POPULAIRE.




LES BRYERONS ET LES SAULNIERS.




I. – LA GRANDE BRYERE.

On appelle Sillon une longue colline qui sépare du reste de la BrL tagne tout le territoire compris entre l’embouchure de la Loire et celle de la Vilaine. La route de Nantes à Vannes suit la crête de ce rempart naturel. Vous avez alors, à droite, la Bretagne française, médaille effacée où l’œil le plus attentif chercherait en vain à distinguer une empreinte, tandis qu’à gauche s’étend jusqu’à la mer une contrée dont le paysage et la population ne ressemblent à nuls autres. Avant d’y entrer, vous n’aviez rencontré que des paysans de petite taille, aux membres noueux, à la figure pâle et d’un calme sombre ; maintenant, vous trouvez des hommes grands, souples, colorés et rians. Là-bas la vie semblait se concentrer sous une forme solide, mais fruste ; ici elle s’épanouit dans toute sa splendeur : à la race celtique a succédé la race scandinave. Ceci est en effet une colonie des hommes du Nord. Débarqués là au Ve siècle, les Saxons y sont demeurés depuis sans se confondre avec les tribus voisines. Leurs familles agrandies sont devenues des paroisses