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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/1222

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Sud ; mais comme la pointe de l’Amérique, qui brise en deux parts le courant des eaux d’entre les tropiques, est bien au-dessous de l’équateur, la quantité des eaux chaudes qui se déverse au midi est bien moins considérable que celle qui forme le courant du nord, le gulf-stream. Et comme on peut dire la même chose des circuits analogues du Grand-Océan, il en résulte que la terre au sud est bien plus froide qu’au nord, à latitude égale. Ce fait important, dont on a été chercher la cause dans les hypothèses les plus bizarres, est la chose la plus simple du monde. Dans le partage des eaux chaudes des tropiques, le nord se trouve privilégié, voilà tout. Il n’est pas besoin d’aller jusqu’à dire que le ciel du sud est plus froid que le ciel du nord, ce qui est du reste peu exact, car il est moins serein, et par suite il perd moins par communication rayonnante avec les espaces célestes.

Encore quelques mots sur cette importante histoire des courans de la mer : le vaste Océan Pacifique route aussi vers l’occident entre les tropiques ses eaux, chaudes des feux du soleil équatorial. Ces eaux rencontrent l’obstacle des îles de la Sonde et de l’Australie ainsi que l’obstacle des parties méridionales de l’Asie. Comme dans l’Atlantique, la plus grande partie de ces eaux remonte au nord en longeant les côtes de la Chine et du Japon par un vrai gulf-stream asiatique, qui, sous l’influence des vents d’ouest, donne à la Colombie un climat presque aussi favorisé que celui de notre Europe, tandis qu’une faible portion descend au sud en suivant les côtes de l’Australie, pour faire un circuit méridional qui, comme le circuit du nord, revient, sur lui-même, longe l’Amérique occidentale du sud au nord, et rejoint le courant des tropiques. Ici comme dans l’Atlantique, l’eau chaude qui se déverse au nord étant en bien plus grande quantité que celle qui vient tempérer le froid des latitudes méridionales, la balance des températures penche de plus en plus en faveur de l’hémisphère nord.

Pour compléter rémunération de ces circuits maritimes, il faut y ajouter un faible circuit qui, dans le petit Océan Indien, porte au sud, le long de l’Afrique et de Madagascar, les eaux tropicales de cette mer, qui retournent ensuite le long de la côte occidentale de l’Australie. Nous ferons remarquer que la partie supérieure de la mer des Indes comprise entre l’équateur et l’Asie, n’ayant aucune issue pour ses eaux, soumises à l’influence d’un soleil vertical, est, comparativement aux autres mers qui ont un écoulement régulier, une nappe d’eau bouillante dont les rivages subissent, dans l’été, d’intolérables chaleurs. On frémit en pensant à la consommation d’hommes qu’a coûtée l’établissement du gigantesque empire anglais dans l’Inde contre cet ennemi cent fois plus terrible que la guerre, le climat ! En