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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/1225

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froid ; mais ce froid, quelle en est la cause, et comment, par une chaude journée d’été, par un soleil tropical, le ciel tout à coup se charge-t-il de nuages et se fond-il ensuite en un de ces déluges de pluie qu’on appelle averses ?

C’est encore une loi physique bien constatée, que l’air, comme tout autre corps que l’on comprime, s’échauffe par la compression et se refroidit au contraire quand il se dilate. Si on comprime au fond d’une petite pompe dite briquet à air l’air que contient ce petit espace, il met le feu à l’amadou qu’il enveloppe. Réciproquement, l’air, en se dilatant, éprouve un refroidissement considérable. Si on laissa échapper d’une cavité humide de l’air très comprimé, cet air se dilate en s’échappant, et l’humidité qu’il contient se manifeste par un dépôt d’eau, et même souvent de glace, qui se fixe sur les corps avoisinans. Or dans l’état naturel de l’atmosphère, toute masse d’air qui sera mécaniquement portée dans des régions supérieures, soit par le vent glissant de bas en haut sur la pente des montagnes, soit par les courans ascendans de l’air, soit par le conflit de deux masses d’air allant à la rencontre l’une de l’autre, toute masse d’air, disons-nous, portée dans des régions supérieures, sera par cela même déchargée du poids d’une partie de l’air supérieur, et par suite augmentera en volume et baissera en chaleur. J’ai fait après bien d’autres l’expérience imaginée par Pascal, savoir de porter au sommet du Puy-de-Dôme des vessies incomplètement remplies d’air, et qui, au sommet de la montagne, étaient pleines et tendues à cause de la dilatation de l’air intérieur, moins pressé là-haut qu’il ne l’était dans la plaine. Même pour la petite hauteur des coteaux de Meudon, de l’air porté subitement du niveau de la Seine à l’entrée la plus élevée du bois se dilaterait de manière à se refroidir de un à deux degrés centigrades. C’est du reste ce qui explique en partie le froid du sol sur les hautes montagnes. Tout courant d’air qui monte le long de leurs flancs se dilate à mesure qu’il est moins pressé par l’air supérieur ; cette dilatation entraîne un grand refroidissement, et le contact de cet air devenu froid refroidit le sol dont il suit les pentes. Si cet air contient de l’humidité, ce refroidissement précipite l’humidité sous forme de pluie ou de neige. De là ces amas d’eaux qui partent des contrées montagneuses et ces neiges qui en couvrent les sommets plusieurs mois de l’année ou même perpétuellement.

Supposons un observateur placé au sommet du Puy-de-Dôme et contemplant de là cette belle vallée dite Limagne d’Auvergne. S’il s’élève un vent arrivant de la vallée et portant vers la montagne l’air clair et transparent de la plaine, voici ce que remarquera le spectateur. À mesure que les masses d’air sans nuage poussées par le vent contre les lianes de la montagne s’élèveront, elles se dilateront,