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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/264

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consacre d’ordinaire que les pâturages les plus maigres, et il se fait le même commerce que chez nous de jeunes animaux nés dans les régions montagneuses, qui viennent s’engraisser dans les contrées plus fertiles. Les idées nouvelles sont contraires à ces migrations du bétail, et partout où ces idées prennent faveur, comme elles ont précisément pour base une forte alimentation pendant le jeune âge, elles tendent à réunir l’industrie de l’élève à celle de l’engraissement; mais ce ne sont là que des exceptions plus ou moins répandues, et les faits généraux sont encore pour la distinction. L’engraissement est considéré comme plus lucratif et plus sûr, quand les pâturages sont suffisamment bons, et en effet nous savons par l’exemple de nos herbagers normands combien cette industrie est commode et avantageuse ; mais ce qui l’emporte sur tout, en Angleterre comme en France, c’est le lait. Les herbagers de l’ouest font surtout des fromages, et la plupart de ces fromages sont très renommés. Ces pays sont aussi de ceux qui font exception à ce qu’on regarde comme la règle commune en Angleterre; la propriété et la culture y sont généralement divisées. Pour quelques grands domaines, on en rencontre beaucoup de petits, dont quelques-uns sont exploités par leurs propriétaires. Nous avons déjà trouvé cette division dans le Kent, le Sussex, le Devon; nous la retrouverons encore. La cause change suivant les lieux : dans le Kent, c’est la diversité des cultures; dans le Sussex, la difficulté du travail; dans le Devon, l’état montagneux du pays; dans les pays à herbages, la nature de l’industrie dominante, qui exclut les grands appareils. Les économistes anglais trouvent que cette division y a été poussée trop loin, et ils pourraient bien avoir raison, car la condition générale de la population n’y est pas toujours bonne malgré la richesse des produits, et les s<alaires sont peu élevés.

La région de l’ouest comprend six comtés. Dans celui qui se présente le premier, le comté de Somerset, les parties qui touchent au Devonshire sont, comme lui, âpres et montagneuses, il s’y trouve même un des districts les plus déserts et les plus incultes de l’île, la lande granitique qui porte le nom de forêt d’Exmoor, et qui rivalise pour la rudesse avec celle de Dartmoor; elle se compose de 8,000 hectares environ, abandonnés à une espèce de moutons à demi sauvages et au gibier qui fuit le plus la présence de l’homme, comme le cerf. En revanche, la vallée de Taunton, qui touche à la forêt d’Exmoor, est une des plus renommées pour sa fraîcheur et sa fertilité, et toute la partie du comté qui se rapproche de Glocester, celle où se trouvent la ville de Bath, célèbre par ses eaux minérales, et le port populeux de Bristol, abonde en excellens pâturages. Nulle part en Angleterre, si ce n’est dans le comté de Leicester, celui de Middlesex étant excepté, la rente des terres ne s’élève aussi haut que dans le