Mais n’importe; il m’amuse, et son babil me plaît.
Et j’aime à voir son nid au-dessus du volet.
Dans les sentiers voisins parfois je m’aventure :
Sous ses aspects divers, j’aime à voir la nature, —
Jamais loin. Je me tiens dans les champs d’alentour.
Et suis vite au manoir dont cent pas font le tour,
Puis je reviens encore au bord de la rivière.
Alors que, du couchant reflétant la lumière,
De son cours ralenti, de l’azur de ses eaux
L’or s’échappe et remonte en limpides réseaux;
Et là, bercé toujours de voluptés rêveuses,
J’écoute longuement le battoir des laveuses :
Le bruit qui se répète, allant au fil des eaux,
Sous le bois de la rive éveille les échos.
Oh ! Dieu, qui me rendra les champs et le silence,
Le souvenir sans ombre et l’espoir sans offense.
Le verger plein d’oiseaux et de fruits mûrissans,
De gazon jusqu’au ventre et d’essaims bruissans.
L’insecte qui frémit, l’abeille qui picore.
Le moineau butineur qui chante dès l’aurore ?
Toujours distribuant la joie et le chagrin.
De village en village allant chaque matin.
Portant au même seuil aujourd’hui l’espérance,
Et peut-être demain la mort, l’indifférence;
Puis le soir chaque jour au logis rapportant
De l’absence de l’homme un cœur libre et content !
Pour lui, les traits rians de la belle nature,
Les parfums plus subtils et le plus doux murmure !
L’alouette a pour lui sa charmante gaîté.
Les bois sous la rosée ont l’aspect enchanté.
J’aime à le voir de loin, marche toujours égale,
Aller demi-penché. La brise matinale
Semble aider à ses pas, et le chant quelquefois.
Éveillé dans son cœur, s’exhale dans sa voix.
Il me jette en passant quelque parole amie.
Poursuit en s’inclinant sa marche raffermie.
Puis disparaît à l’œil, laissant derrière lui
Son chant, moindre d’abord, bientôt évanoui.
CHARLES DES GUERROIS.
Les pièces qu’on vient de lire sont tirées d’un volume que l’auteur se prépare à publier. Un autre recueil doit le suivre, et nos encouragemens ne sauraient manquer à une inspiration qui cherche si résolument sa voie. On a parlé de nos rigueurs : contestera-t-on notre bienveillance ?
V. DE MARS.
